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Mediapart
Des lycéens formés aux discriminations : « Quelle est la différence entre le sexe et le genre ? »
#sexe #genre #sexualites #education #enseignement #homophobie #transphobie
Article mis en ligne le 10 juin 2024
dernière modification le 9 juin 2024

À Nancy, le lycée Henri-Loritz sensibilise ses élèves à l’homophobie et à la transphobie à travers des ateliers ludiques les invitant à questionner leurs représentations. Un soulagement pour ces jeunes parfois laissés dans le flou.

Deux post-it sont distribués à chacun. Sur le vert, ils doivent écrire le mot qui leur vient à l’esprit quand ils entendent le terme « homosexualité », et sur un autre, de couleur rose, quand il s’agit du mot « trans ». Parmi les vingt-cinq élèves présents, certains laissent échapper un rictus. Visiblement circonspect, l’un d’entre eux, assis au fond de la salle, se recroqueville sur ses genoux et interpelle ses camarades alentour à voix basse : « Hey, mais c’est quoi la différence entre les deux ? »

Leur professeur tente immédiatement de les mettre à l’aise : « C’est anonyme et individuel, donc ça ne sert à rien de copier sur le voisin. Et puis, il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses, ne vous inquiétez pas. » Élèves en classe de seconde au lycée public Henri-Loritz, situé dans le centre-ville de Nancy, ils sont réunis afin d’assister à une séance de lutte contre l’homophobie et la transphobie. Premier volet pour eux, elle s’inscrit dans le cadre minimal de trois séances d’éducation à la sexualité obligatoires chaque année depuis 2001.

Entre un cadre protocolaire flou et un manque cruel de moyens, l’éducation en matière de vie affective, relationnelle et sexuelle est restée pendant longtemps un angle mort de l’Éducation nationale. (...)

Identifier le genre comme une « construction »

Après des demandes répétées des enseignant·es et des associations, le ministère a publié au mois de mars dernier le travail élaboré par le Conseil supérieur des programmes afin de bâtir une véritable éducation à la sexualité de la maternelle au lycée, dont la mise en œuvre est prévue dès septembre 2024.

S’il salue l’effort porté sur le « relationnel », Arnaud Holzmann pointe un certain manque d’ambition sur l’identité de genre ou l’orientation sexuelle, qui ne sont traitées qu’au lycée. « Il ne faut pas oublier tout ce qui est de l’ordre sociétal. Les élèves, comme les collègues, ont besoin d’aborder ces questions-là. » (...)

Parce qu’« il y a eu deux incidents entre élèves », ce professeur de sciences de la vie et de la terre (SVT) a tenu, pour la première année, à cibler en particulier cette thématique. Avec l’accord des élèves visé·es par des insultes homophobes et transphobes, lui et sa collègue conseillère principale d’éducation (CPE) Amélie Masson ont travaillé sur le déroulé de ces trois séances.

Au total, huit classes d’élèves de seconde vont parler, tour à tour, de stéréotypes, de violences et de limites à la liberté d’expression, dans le but de questionner leurs propres représentations. En filigrane, il s’agit de prendre conscience de la gravité de certains actes et de leurs conséquences. (...)