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Mediapart
Des expertes de l’ONU s’inquiètent du « harcèlement » de Rokhaya Diallo en France
#racisme #RokahyaDiallo #CharlieHebdo #ONU
Article mis en ligne le 29 décembre 2025
dernière modification le 28 décembre 2025

Plusieurs expertes de l’ONU s’inquiètent des « attaques » subies par la journaliste Rokhaya Diallo depuis des années dans le débat public en France, « liées à son travail légitime en faveur des droits de l’homme ».

Ces dernières semaines, Mary Lawlor, rapporteuse spéciale des Nations unies pour les défenseurs des droits humains, s’est émue, comme sa fonction le lui permet, du sort de nombreuses personnalités dans le monde (...)

Dans une communication cosignée par d’autres expertes des Nations unies, et publiée le 1er février sur sa page officielle des Nations unies, Mary Lawlor exprime sa « vive inquiétude face aux poursuites judiciaires, [à] la surveillance, [aux] intimidations et diffamations signalées contre Mme Diallo », cible fréquente, notamment sur les réseaux sociaux, de personnalités d’extrême droite et de la mouvance laïciste du Printemps républicain. (...)

« Ces différentes attaques semblent être directement liées à son travail légitime en faveur des droits de l’homme, notamment les droits des femmes, des personnes d’ascendance africaine et [à] l’exercice de son droit à la liberté d’expression », estiment les cosignataires, parmi lesquels figurent le groupe de travail de l’ONU sur les personnes d’ascendance africaine et les trois rapporteuses spéciales des Nations unies chargées de la protection de la liberté d’expression, des discriminations raciales et des violences faites aux femmes.

« Dans un pays comme la France, il est inquiétant de voir qu’une journaliste comme Mme Diallo [...] [fait] l’objet depuis des années de si fréquents incidents de diffamation, de procédures judiciaires ou d’intimidation », commente Mary Lawlor, interrogée par Mediapart. (...)

Pour Rokhaya Diallo, cette communication onusienne est un « soulagement », après des années de « disqualification systématique, de tentatives d’intimidation récurrentes et d’entraves à [s]a prise de parole, qui se déroulent d’ailleurs dans une certaine indifférence » – la journaliste s’étonne d’ailleurs que « celles et ceux qui s’y adonnent circulent toujours dans les médias, sans que cela n’interpelle ». (...)

Elle y voit une preuve de la « reconnaissance » de son travail, particulièrement hors de France, alors qu’il est accueilli avec hostilité ou fébrilité dans une grande partie du champ médiatique français. « J’ai l’impression d’avoir deux vies, dit-elle à Mediapart. À l’étranger, où je travaille beaucoup, on considère que j’ai une expertise sur la France. En France, il est rare que je m’exprime sans contradiction. Comme s’il y avait toujours une précaution, une distance à prendre avec moi. Je n’arrive même pas à publier une tribune dans Le Monde… »

Le 25 septembre 2023, Mary Lawlor et les autres expertes des Nations unies ont adressé une lettre de cinq pages à la mission permanente de la France auprès de l’ONU à Genève pour « attirer » son « attention » sur « différentes formes de harcèlement et de diffamation à l’encontre » de Rokhaya Diallo. (...)

Huit ans de polémiques

Leur courrier fait la longue liste de huit ans de polémiques et d’incidents autour de la journaliste, ancienne chroniqueuse sur RTL et BFM, qui cristallise l’attention de la fachosphère ou d’« universalistes » autoproclamés qui ne supportent pas qu’elle parle de racisme institutionnel ou d’islamophobie en France.

Dans une communication cosignée par d’autres expertes des Nations unies, et publiée le 1er février sur sa page officielle des Nations unies, Mary Lawlor exprime sa « vive inquiétude face aux poursuites judiciaires, [à] la surveillance, [aux] intimidations et diffamations signalées contre Mme Diallo », cible fréquente, notamment sur les réseaux sociaux, de personnalités d’extrême droite et de la mouvance laïciste du Printemps républicain. (...)

« Ces différentes attaques semblent être directement liées à son travail légitime en faveur des droits de l’homme, notamment les droits des femmes, des personnes d’ascendance africaine et [à] l’exercice de son droit à la liberté d’expression », estiment les cosignataires, parmi lesquels figurent le groupe de travail de l’ONU sur les personnes d’ascendance africaine et les trois rapporteuses spéciales des Nations unies chargées de la protection de la liberté d’expression, des discriminations raciales et des violences faites aux femmes.

« Dans un pays comme la France, il est inquiétant de voir qu’une journaliste comme Mme Diallo [...] [fait] l’objet depuis des années de si fréquents incidents de diffamation, de procédures judiciaires ou d’intimidation », commente Mary Lawlor, interrogée par Mediapart. (...)

Pour Rokhaya Diallo, cette communication onusienne est un « soulagement », après des années de « disqualification systématique, de tentatives d’intimidation récurrentes et d’entraves à [s]a prise de parole, qui se déroulent d’ailleurs dans une certaine indifférence » – la journaliste s’étonne d’ailleurs que « celles et ceux qui s’y adonnent circulent toujours dans les médias, sans que cela n’interpelle ». (...)

Elle y voit une preuve de la « reconnaissance » de son travail, particulièrement hors de France, alors qu’il est accueilli avec hostilité ou fébrilité dans une grande partie du champ médiatique français. « J’ai l’impression d’avoir deux vies, dit-elle à Mediapart. À l’étranger, où je travaille beaucoup, on considère que j’ai une expertise sur la France. En France, il est rare que je m’exprime sans contradiction. Comme s’il y avait toujours une précaution, une distance à prendre avec moi. Je n’arrive même pas à publier une tribune dans Le Monde… »

Le 25 septembre 2023, Mary Lawlor et les autres expertes des Nations unies ont adressé une lettre de cinq pages à la mission permanente de la France auprès de l’ONU à Genève pour « attirer » son « attention » sur « différentes formes de harcèlement et de diffamation à l’encontre » de Rokhaya Diallo. (...)

Diallo, qui dit susciter des vagues de commentaires dès qu’elle poste sur les réseaux sociaux, admet le « coût psychologique » de cette surexposition médiatique, souvent hostile. « Je ne suis pas un concept, dit-elle. Je n’ai pas cherché un “créneau” pour avoir du “succès”. Je ne suis pas dans la stratégie : je défends des positions, et cela m’expose à un stress que j’aurais pu m’épargner. »

Elle dit aussi n’être que la « partie visible de l’iceberg ». Une femme noire qui a, plus que d’autres, « la visibilité » et les « moyens matériels » de se défendre. « Ce que je subis publiquement, c’est ce que subissent beaucoup de gens dans l’anonymat. Je suis une des rares qui puisse publiquement protester. »