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Des associations saisissent la justice pour reprendre les recherches après la disparition d’un Syrien en mer
#migrants #noyades
Article mis en ligne le 15 mars 2024
dernière modification le 13 mars 2024

Depuis 10 jours, les associations et les proches sont sans nouvelles d’un Syrien de 27 ans disparu la nuit du 3 mars en tentant de monter dans une embarcation dans le canal de l’Aa, pour rejoindre le Royaume-Uni. Les humanitaires ont saisi mardi le parquet de Dunkerque pour reprendre les recherches, et essayer de retrouver Jumaa Alhasan.

Il est 00h01 dimanche 3 mars lorsque les équipes d’Utopia 56 du nord de la France reçoivent un message sur le téléphone d’urgence : "A person died in the river", "une personne est morte dans la rivière", en français. Cette nuit-là, plusieurs embarcations ont tenté de rejoindre les côtes britanniques en traversant la Manche.

Dans le canal de l’Aa, près de Gravelines, une fillette de sept ans perd la vie près de la commune de Watten. La même nuit, un autre migrant disparait à quelques mètres de là. Il s’agit de Jumaa Alhasan, un Syrien de 27 ans, signalent dans un communiqué plusieurs associations dont Utopia 56 et l’Auberge des migrants. (...)

"Nous étions sur le bateau, et notre ami a essayé de venir avec nous [pour traverser] vers le Royaume-Uni. La police est arrivée, nous avons eu peur d’avoir des problèmes. Notre ami a sauté pour nous rejoindre, mais il ne nageait pas très bien et nous l’avons perdu dans la rivière", explique Bachir, un proche de Jumaa Alhasan, aux bénévoles. "Nous avons crié à la police, et ils s’en fichaient. L’un d’eux nous a dit : ‘Ce n’est pas notre travail’".
Déjà 10 morts depuis janvier (...)

Lire aussi :

 (Utopia56)
Disparition dans l’Aa : famille, soutiens et associations demandent la reprise des recherches

(...) Il est 00h01 le dimanche 3 mars, quand l’équipe de l’association Utopia 56 reçoit un message sur le téléphone d’urgence « A person died in the river » (une personne est morte dans la rivière) ainsi qu’une localisation sur l’Aa près de Gravelines. Rapidement, l’équipe informe les pompiers et la police. (...)

Vers 10h00, joint par l’association, le commissariat de Dunkerque annonce avoir envoyé un drone et une caméra thermique sans trouver personne. Quelques heures seulement après la disparition d’un homme, les recherches sont terminées.
Pourtant, entre le dimanche et le lundi, au moins cinq personnes présentes sur l’embarcation sollicitent les bénévoles et soutiens présents dans les lieux de vie à Calais : tous témoignent de la même histoire. Jumaa n’est jamais sorti du Canal, selon certains les recherches menées par la police ont duré une heure à peine.

« Syriens, afghans, si nous ne sommes pas blancs, ils n’en ont rien à faire, ils nous tuent ! ». Un ami de Jumaa, présent sur le bateau.

Mohammad, son oncle, est venu à Calais dans l’espoir de le retrouver et de pouvoir faire le lien avec ses parents restés en Syrie. Il se présente le samedi 9 mars au commissariat pour signaler sa disparition. Si les policiers prennent son témoignage, ils se contenteront d’une simple main courante, les recherches ne seront pas relancées.

Depuis 1999, le décompte, non-officiel des morts à la frontière franco-britannique, fait état de 402 victimes, la dernière étant Roula, 7 ans, décédée le soir de la disparition de Jumaa, un peu plus haut sur le fleuve de l’Aa.
Ce chiffre ne reflète pourtant pas la réalité : ils s’appellent Jumaa, Zanyaar, William, Haftom1, Nima ou encore Hiva2 et tant d’autres, tous disparus, certains en mer, d’autres, comme Jumaa dans un fleuve pourtant facile à prospecter. Laissés sans réponse par des institutions indifférentes, les proches de ces victimes se voient privé·es de toute possibilité de faire le deuil.

Aujourd’hui 12 mars, le procureur de la République de Dunkerque a été saisi par les soutiens afin de faire rouvrir une enquête. (...)