
Ce qui est arrivé à Gisèle Pelicot, comme la façon dont se déroule le procès de ses agresseurs nous oblige à prendre conscience du désastre collectif que constituent aujourd’hui les relations entre les femmes et les hommes, alerte l’historienne Christelle Taraud.
Que devons-nous faire pour que plus jamais une femme, dans ce pays ou ailleurs, ne subisse le calvaire que Gisèle Pelicot traverse aujourd’hui ?
(...) ce n’est pas le procès de ces hommes en particulier, somme toute très ordinaires, mais bien du système qui autorise leur existence que nous devons, en tant que société, affronter.
De quoi le procès des « violeurs de Mazan » est-il donc le nom ?
D’un système d’écrasement des femmes très ancien qu’il faut nommer pour ce qu’il est – le patriarcat – qui tel un rouleau compresseur nous broie, nous les femmes, avec une régularité de métronome. (...)
dans leur ordinaire quotidienneté, nombre d’hommes, en lien ou non avec leur(s) victime(s), se croient, eux aussi, autorisés à se rendre maîtres, par « la violence, la contrainte, la menace ou la surprise », selon la définition usuelle du viol, des corps de femmes dont ils usent et abusent dans l’intimité de leur foyer comme ailleurs. L’exceptionnalité du procès des « violeurs de Mazan » ne doit pas nous faire oublier, en effet, l’extrême banalité de la culture du viol dans notre société comme en attestent de nombreuses affaires dans lesquelles des hommes célèbres ou anonymes font la une des médias (...)
De quoi le procès des « violeurs de Mazan » est-il donc le nom ?
De l’arbitraire du privilège masculin, car seuls les hommes s’autorisent – parce qu’ils sont, partout et en tout lieu, autorisés à le faire – à se comporter en prédateur sexuel. (...)
Ce que la pornographie exemplifie aujourd’hui à une vaste échelle, comme le montrera bientôt le très attendu procès des réseaux dits amateurs « French Bukkake » et « Jacquie et Michel », où là encore les accusés sont légion.