
Les projections-débats en France, Suisse et Belgique commenceront entre janvier et mars 2024, entrecoupées par une série de dates dans d’autres pays, et bien sûr en Grèce.
Je dois vous avouer quelque chose que seule l’équipe du film et quelques personnages à l’écran connaissent : ce quatrième film a bien failli ne jamais voir le jour, tant les épreuves ont été nombreuses. Beaucoup plus qu’avec nos films précédents.
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Ce nouveau film a été tourné en Grèce entre 2019 et 2023. Nous avons décidé collectivement de commencer le tournage dès l’arrivée au pouvoir de la droite en juillet 2019. L’offensive promise par Mitsotakis contre Exarcheia venait alors de commencer : occupation brutale du quartier, évacuation hebdomadaire de squats, propagande médiatique, répression tous azimuts. Nous savions qu’une page se tournait et nos proches dans le quartier souhaitaient vivement qu’on garde la mémoire de cette période et qu’on fasse savoir notre réponse déterminée.
À l’époque, le mouvement social grec avait repris le slogan de 1936 en Espagne : « No Pasaran », au point de nommer ainsi notre réseau de résistance, la plupart des affiches et jusqu’à une banderole « No Pasaran » qui a longtemps barré la rue Notara, à l’ouest d’Exarcheia, rappelant une banderole similaire en 1936. Alors qu’on nous répétait : « nous ferons de vos lieux des ruines », nous avons répondu d’une même voix : « Nous n’avons pas peur des ruines ». Notre réponse était inspirée par une phrase célèbre de Buenaventura Durruti :
« Nous n’avons pas peur des ruines, nous sommes capables de bâtir aussi… la bourgeoisie peut bien faire sauter et démolir son monde à elle avant de quitter la scène de l’Histoire, nous portons un monde nouveau dans nos cœurs. »
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Oui, nous portons un monde nouveau dans nos cœurs, en Grèce comme ailleurs (...)
Les dernières images de ce film datent d’il y a deux mois, en septembre 2023. Mais, entre 2019 et 2023, nous avons été emportés dans un véritable tourbillon d’obstacles : accidents, soucis de santé, décès, agressions nazies, répression policière, menaces en tous genres, vol de matériel informatique, destructions diverses, appartements visités… Il a fallu beaucoup de persévérance au sein du groupe pour continuer, après quelques moments de pause. Et merci à celles et ceux qui nous épaulés. De Crète en Épire (nord-ouest de la Grèce), les luttes étaient difficiles aussi, face à un pouvoir décidé à transformer la terre et la mer en marchandise.
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En 2022, le pouvoir a voulu poursuivre son offensive contre Exarcheia avec le chantier du métro sur la place et un projet d’aménagement immobilier de la colline de Strefi, à grand renfort de CRS et d’hommes de main masqués. Mais le bras de fer continue ! Rien n’est terminé !