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Dans les Alpes, une grande marche pour lutter contre les JO 2030
#Courchevel #montagne #rechauffementclimatique #JO2030
Article mis en ligne le 11 août 2024
dernière modification le 7 août 2024

Alors que les JO d’hiver ont été attribués aux Alpes françaises, des dizaines de militants ont entrepris dans les Hautes-Alpes une randonnée de neuf jours pour témoigner leur mécontentement.

(...) Le voyage a débuté le samedi 3 août à Briançon (Hautes-Alpes) et se terminera le dimanche 11 août à Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie). Le but ? Faire le tour des lieux en lutte dans les Alpes, depuis les futurs sites olympiques autour de Briançon, en passant par le projet de complexe touristique de luxe au Monêtier-les-Bains, jusqu’au TGV Lyon-Turin à Saint-Jean-de-Maurienne, sans oublier la question des violences contre les migrants à la frontière.

Un peu de plus de 80 kilomètres pour découvrir un territoire à l’histoire militante foisonnante. (...)

L’événement a été imaginé à l’été 2023, durant le camp climat d’Extinction Rebellion à La Rochelle. « C’est une randonnée un peu expérimentale, annonce Max , l’un des coorganisateurs et membre d’Extinction Rebellion. On ne veut pas faire une critique du sport, mais de tout ce que cet événement véhicule : la compétition sacrificielle et la violence des athlètes qui se détruisent le corps pour être les meilleurs. » (...)

Alors que le battage médiatique autour des JO parisiens est à son comble, il n’est pas facile de faire entendre les voix dissidentes. D’autant qu’en local, les avis sont mitigés. « Il y a une grosse ferveur sportive qui génère de la joie. On sait qu’on lutte contre quelque chose qui a une image très positive, admet Camille, une militante du collectif NO JO venant de Gap. Les médias commencent aussi à parler des côtés néfastes. Et [le collectif] Saccage 2024 a déjà fait un gros travail de déconstruction du mythe olympique. Grâce à eux, on ne part pas de zéro sur les dérives engendrées par ces Jeux. » (...)

En continuant de grimper, on aperçoit le fort des Têtes, un site militaire qui pourrait accueillir le futur village olympique des JO 2030. Ses bâtiments font partie des fortifications de Vauban et sont ainsi classés au patrimoine mondial de l’Unesco. Une vaste rénovation devra être entreprise avant d’y loger 1 200 athlètes. Il est également prévu de construire un ascenseur valléen pour s’y rendre depuis le parc de Schappe. Un projet fortement critiqué par les militants. « Il faudra apporter l’eau et l’électricité sur place, et construire une nouvelle route pour s’y rendre. Cela n’a pas de sens », fustige Maurice Latapie, ancien guide de haute montagne et aujourd’hui membre de nombreuses luttes locales. (...)

Afin d’assurer un enneigement suffisant pour les compétitions de ski acrobatique, l’une des épreuves des JO 2030 à Serre Chevalier, la station est déjà bien équipée en canons à neige, alimentés par cinq retenues collinaires. L’une d’entre elles, située au pied du col de la Ricelle, est la première étape des randonneurs pour la nuit. Un miroir d’eau fort tentant après une si longue marche sous le soleil. Beaucoup s’y glissent avec délice pour se rafraîchir.

Quelques minutes plus tard, un border collie arrive tout feu, tout flamme, suivi d’Arnaud, le vacher de l’alpage, très en colère contre celles et ceux qui ont planté leur tente dans les hautes herbes. « Sans être prévenu, voir autant de types débarquer, ça me déplaît, s’inquiète-t-il. Je ne sais pas ce que vous voulez faire, peut-être une rave party ? » Après plusieurs minutes d’explication sur les motifs du rassemblement, l’homme se détend et demande à tout le monde de déplacer les tentes sur les cailloux afin de préserver l’herbe grasse de l’alpage. Tous s’exécutent sans rechigner. (...)

dès le lendemain, une petite délégation sera envoyée en amont pour discuter avec les bergers des alpages des autres étapes.

Le vacher a aussi prévenu le domaine de Serre Chevalier de l’arrivée des randonneurs et de leur baignade dans la retenue collinaire. Un homme débarque alors en voiture pour sermonner le groupe gentiment. « C’est interdit de se baigner ici et je ne veux pas que vous vous noyiez », explique-t-il. Il leur demande ensuite s’ils sont contre les Jeux olympiques. Silence gêné dans l’assistance. « C’est cool, je vois que vous êtes pacifistes. J’espérais que vous n’étiez pas ces anti-JO qui veulent casser des choses ou m’accueillir avec des cailloux », poursuit le salarié de la station. (...)

« On avait décidé de ne pas prévenir les mairies, il y aurait eu le risque de nous interdire les accès et de subir une répression. Comme nous sommes moins de 100 personnes, il n’y pas d’obligation de se déclarer », justifie Max. Et d’ajouter : « C’est vrai que nous sommes un grand groupe et nous faisons peut-être peur : 70 personnes, c’est à la fois une force et une faiblesse. » (...)