
Cinq communautés Emmaüs sont en grève dans le nord de la France. Les compagnons, pour beaucoup sans-papiers, souhaitent être régularisés. Payés une misère, ils réclament aussi de meilleures conditions de travail
La multiplication des grèves et la défiance exprimée envers le mouvement fondé par l’Abbé Pierre a contraint la direction nationale d’Emmaüs à agir — sans apporter de soutien massif aux grévistes (...)
Le premier reproche formulé par les compagnons à leurs directions respectives concerne les conditions de travail et de rémunération. « Nous sommes payés 380 euros par mois pour quarante heures de travail, et devons reverser 50 euros par mois en guise de loyer », dit l’un des grévistes de Nieppe. « Sur cinq ans, j’ai pris une semaine de vacances. On ne nous laisse pas les prendre », peste l’autre.
À Tourcoing, dans l’entrepôt d’Emmaüs en grève depuis près de trois semaines où trône une… pointeuse à empreintes digitales, Mohamed en a, lui aussi, assez du labeur — huit heures par jour payé environ 300 euros par mois. « Nous avions les devoirs d’un salarié, mais pas les droits. Je suis venu chez Emmaüs pour avoir de l’aide, pas un travail dissimulé », soupire Mohamed. (...)
Le premier reproche formulé par les compagnons à leurs directions respectives concerne les conditions de travail et de rémunération. « Nous sommes payés 380 euros par mois pour quarante heures de travail, et devons reverser 50 euros par mois en guise de loyer », dit l’un des grévistes de Nieppe. « Sur cinq ans, j’ai pris une semaine de vacances. On ne nous laisse pas les prendre », peste l’autre.
À Tourcoing, dans l’entrepôt d’Emmaüs en grève depuis près de trois semaines où trône une… pointeuse à empreintes digitales, Mohamed en a, lui aussi, assez du labeur — huit heures par jour payé environ 300 euros par mois. « Nous avions les devoirs d’un salarié, mais pas les droits. Je suis venu chez Emmaüs pour avoir de l’aide, pas un travail dissimulé », soupire Mohamed. (...)
À Saint-André, des caméras ont été installées au sein du bâtiment. La direction ne se privait pas, d’après de nombreux témoignages, de rentrer dans les chambres sans autorisation, limitant l’accès élémentaire à une vie privée. Un climat « carcéral » est décrit par les compagnons. (...)
Ils déplorent les fausses promesses formulées par la direction concernant leur régularisation. (...)
Après des années d’une peur légitime, la grève a libéré la parole. « Les compagnons ont accumulé, accumulé… et c’est devenu des bombes atomiques », résume Mohamed. Mais à travers la lutte, beaucoup ont également l’impression de revivre et d’exister enfin. (...)
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– (Actu.fr)
Enquête. Emmaüs : des communautés rebelles menacent de "faire sauter" la direction nationale
La fronde au sein du mouvement Emmaüs se poursuit et se structure. Une douzaine de communautés locales allient leurs forces au sein d’une nouvelle association « Communautés ensemble pour vivre Emmaüs » (Ceve). « On fait plus peur depuis la création de l’association », glisse un des adhérents à Enquêtes d’actu.
Cette association, dont les statuts sont déposés en préfecture de l’Hérault, est une structuration officielle du Collectif du 22 janvier, qui s’était rebellé contre l’appel aux dons durant la pandémie de Covid-19.
Et si ce collectif faisait référence à la date de la mort de l’abbé Pierre, ce n’est pas un hasard. Ses membres veulent « ramener les communautés – la fédération nationale ça serait rêver – sur les valeurs originelles d’Emmaüs », confie Dominique Boisseau, directeur d’Emmaüs Montpellier, président de cette association.
La menace portée envers le siège de la fédération est frontale. (...)