
Varisheh Moradi, fervente militante des droits des femmes en Iran et activiste politique kurde, a été condamnée à la peine capitale par la 15e branche du Tribunal révolutionnaire de Téhéran pour « rébellion armée contre l’État », d’après les déclarations de ses avocats faites le dimanche 10 novembre.
olitique ou juridique ne peut résoudre ce paradoxe. Alors restons éveillés. »
Elle fait également un récit précis des faits et nous raconte avoir été arrêtée le 31 juillet 2023 au poste de contrôle de Sanandaj-Kamyaran, par les forces du ministère des Renseignements. Son arrestation, dit-elle, a été marquée par une violence extrême : des coups de feu ont été tirés, les vitres de son véhicule ont été brisées, et elle a subi des agressions physiques ainsi que des tortures. Pendant 13 jours, elle a été soumise à des interrogatoires en isolement, où elle a enduré une guerre psychologique, des humiliations et des pressions intenses, le tout à l’abri des caméras pour dissimuler les abus. Varisheh a été confrontée à des questions dégradantes, où ses interrogateurs l’ont traitée de « sauvage » et lui ont demandé pourquoi elle ne pleurait pas, lui faisant ressentir une profonde déshumanisation. Par la suite, elle affirme avoir été transférée au pavillon 209 de la prison d’Evin, où elle a continué à subir des mois d’interrogatoires sous une pression énorme, incluant des menaces d’assassinat et des tentatives d’obtenir des aveux forcés. Son état de santé s’est détérioré, avec des maux de tête sévères, des saignements de nez et des douleurs persistantes au cou et au dos. Le 26 décembre 2023, Varisheh a été transférée dans le quartier des femmes d’Evin.
Le 9 avril 2024, elle a été officiellement inculpée par la branche 15 du tribunal révolutionnaire de Téhéran pour « appartenance à des groupes d’opposition » et « rébellion armée ». Durant sa détention préventive d’un an, Varisheh affirme n’avoir pu recevoir la visite de sa famille que pendant trois mois et demi. Le reste du temps, elle a été maintenue dans des conditions proches de l’isolement. Entre le 15 et le 17 mai 2024, elle a été qualifiée de terroriste, sans que son passé ne soit pris en compte. Au cours des derniers mois, Varisheh a été confrontée à de nouvelles accusations sans fondement, à des interrogatoires coercitifs, à des humiliations et à des menaces d’exécution. Elle n’a pas eu accès à ses avocats ni à son dossier, et ses droits de contact ont été restreints. En réfléchissant à son parcours, elle proclame rester fidèle à ses convictions, déclarant qu’elle n’a jamais causé de préjudice à autrui. Son seul « crime », selon ses mots, est son sens des responsabilités envers la société. Les organisations de défense des droits humains, telles qu’Iran Human Rights, ont appelé à agir de manière urgente face à sa situation.
Le 16 juin 2024, la première audience de son procès s’est tenue à la 15e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran, où elle a été accusée de « rébellion armée contre l’État » (baghi) et d’« appartenance à un groupe d’opposition contre le régime ».
Son deuxième procès, prévu pour le 4 août 2024, a été annulé à plusieurs reprises par le juge Abolqasem Salavati, mais a finalement eu lieu le 5 octobre. Lors de cette audience, des organisations de défense des droits humains comme Iran Human Rights Monitor ont rapporté que le juge n’a pas autorisé ses avocats à défendre leur cliente, ce qui a été considéré comme une violation des droits des accusés. Le 10 octobre 2024, coïncidant avec la « Journée mondiale contre la peine de mort », Varisheh Moradi a entamé une nouvelle grève de la faim de 20 jours pour protester contre les condamnations à mort prononcées par le régime iranien. Le 10 novembre 2024, sa peine de mort a été officiellement communiquée à ses avocats. Varisheh Moradi est la troisième activiste et militante des droits des femmes, condamnée à mort pour des accusations de « baghi » en 2024 (...)