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Cyberaction : Un plan pour sauver les haies de leur inéluctable disparition
#haies #agriculture #biodiversite #urgenceclimatique
Article mis en ligne le 10 novembre 2024

Le bocage est un allié précieux face au dérèglement climatique et à l’effondrement de la biodiversité. Les arbres de ses haies rendent de multiples services : ils modèrent les températures, protègent les cultures du vent et de la sécheresse, préviennent les villages des inondations en retenant l’eau dans les sols… Autant de services environnementaux qui profitent à la collectivité, mais dont le coût de gestion repose presque uniquement sur les agriculteurs.

Au printemps 2023, le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) publie un rapport qui documente avec précision l’ampleur du phénomène de disparition des haies et souligne que loin d’être enrayé, le mouvement s’est accéléré ces dernières années, avec une perte annuelle moyenne de "23.571 km/an entre 2017 et 2021", contre "10.400 km/an entre 2006 et 2014", soit une perte six fois supérieure au linéaire replanté chaque année. Les haies régressent donc six fois plus vite que l’on n’arrive à les reconstituer.

En février 2024, le média d’investigation breton « Splann ! » publie une grande enquête qui documente l’érosion du bocage breton et les différentes causes qui l’alimentant. Les agricultrices et les agriculteurs, de moins en moins nombreux dans les campagnes, sont trop peu aidés pour en assurer seuls la gestion. Les haies, devenues des obstacles pour travailler la terre, sont trop souvent laissées à l’abandon ou arrachées. Réglementation trop complexe et hors-sol, agrandissement des fermes et des machines qui amène à la destruction du bocage : cette tendance va s’aggraver avec les nombreux départs en retraites et le recul de l’élevage bovin à l’herbe.

Aujourd’hui, il est possible de « déplacer une haie » via un système de compensation. C’est à dire, détruire une haie et en replanter une autre plus loin. Néanmoins, rien ne garantit que les haies « de compensation » survivent, faute de contrôles. Les sanctions pour arrachage illégal sont faibles et peu dissuasives, d’autant plus que toutes les haies ne sont pas répertoriées et protégées. D’autres destructions non déclarées et illégales se font petit à petit pour tromper les contrôles.

En réponse au mouvement des agriculteurs du début d’année, le projet de Loi d’Orientation Agricole (LOA) prévoit une forte simplification des contraintes environnementales. L’article 14 vise notamment à alléger les réglementations sur les haies, alors même que la France s’est fixée pour objectif d’augmenter leur linéaire de 50 000 km nets en 2030. « Sous couvert de simplification, le gouvernement crée une usine à gaz par laquelle il sera plus facile de détruire les haies », estime Cécile Claveirole, vice-présidente de France Nature Environnement (FNE).

Au quotidien, de nombreuses associations, collectifs et programmes existent pour promouvoir la haie et des solutions pour sa conservation. Nous, citoyens, à l’heure des élections européennes, interpellons les candidats à se saisir de la problématique et à mettre en place une réglementation contraignante pour :

Mettre en place une obligation de résultat pour les compensations et augmenter les contrôles. Comme le montre l’enquête de « Splann ! », ceux-ci sont nettement insuffisants.

Rendre ces compensations plus contraignantes en demandant la création de 3 mètres de linéaire pour chaque mètre détruit. Comme le soulignent diverses associations dans l’enquête, les services écosystémiques rendus par une ancienne haie ne sont pas comparables à ceux rendus par une haie nouvellement plantée.

Valoriser économiquement le bocage, soit directement dans des filières apportant des garanties sur leur gestion durable (bois-énergie avec Label Haie et Plan de gestion durable des haies « PGDH »), soit indirectement par la PAC (« Bonus Haie » de l’écorégime) et les Paiements pour services environnementaux (« PSE »), de maintenir les aides à la reconstitution des linéaires, et de former des conseillers et techniciens agroforestiers.

La mise en place d’une structure pour assurer les calculs de Surfaces d’Intérêt Ecologique pour les agriculteurs afin de faciliter le quotidien des agriculteurs. Beaucoup ont témoigné de leur détresse, comme Serge, paysan installé en polyculture-élevage : « Les arbres isolés, ça fait tant de m² de SIE. Comment vous voulez qu’on compte ça ? Les m² de SIE, pour des arbres ? Moi j’en ai plein des arbres, partout. Et des haies partout. Je ne sais pas comment on va faire. » (...)

et aussi :

 Cyberaction : Pacte de la haie
Malgré l’annonce en grande pompe il y a tout juste un an du « pacte en faveur de la haie », doté d’un budget de 110 millions d’euros dès 2024, la situation est aujourd’hui alarmante.

(...) le budget du « pacte haies » subit un plongeon vertigineux de 72%, passant de 110 millions à seulement 30 millions d’euros dans le projet de loi de finances 2025 présenté par le gouvernement.

Nous vous proposons d’interpeller vos députés en plein examen du budget 2025

L’enquête de Splann ! à lire en intégralité : https://splann.org/enquete/bocage/
L’enquête en bref (vidéo) : https://www.youtube.com/watch?v=UKn9SzCMbPU&pp=ygUGc3BsYW5u (...)

 Cyberaction : Un Plan Marshall des haies pour l’Europe

 Réaction à la publication du Rapport CGAAER sur les haies

Le rapport sur les haies du CGAAER remis au ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire le 24 avril dresse un constat alarmant et sans appel : les haies régressent six fois plus vite que l’on n’arrive à les reconstituer, alors qu’elles sont au carrefour de tous les enjeux environnementaux. Inverser cette tendance doit être une priorité de la planification écologique.

Pour l’Afac, « Il est très positif que le ministre de l’Agriculture se saisisse avec détermination du sujet des haies et que ce rapport soit rendu public ». L’Afac appelle à traduire les recommandations du rapport en un grand Plan national pour les haies, financièrement doté et traçant une trajectoire claire et chiffrée de 2024 à 2030, pour faire face à l’urgence écologique et s’adapter aux conséquences inéluctables du changement climatique.

La fin d’un déni sur l’ampleur et les causes structurelles de la disparition des haies (...)

Un rapport dont les recommandations convergent avec les priorités de l’Appel de la haie

Constatant que 30 années d’action publique en faveur des haies n’ont pas permis d’enrayer leur déclin continu,
l’Afac-Agroforesteries a impulsé une grande campagne de mobilisation nationale lancée à l’occasion du salon de l’agriculture, l’Appel de la haie, afin d’inciter les décideurs à faire de la haie une priorité centrale de la planification écologique. Un des messages clefs de l’Appel de la haie est qu’il faut cesser de réduire l’action publique en faveur des haies à la seule replantation pour passer à une approche beaucoup plus globale, combinant trois priorités :

  • + Valoriser les haies pour les agriculteurs et les territoires
  • + Protéger en visant le « Zéro disparition de haies »
  • + Reconstituer en doublant le linéaire de haies à l’horizon 2050 (...)

Lire aussi :

 (Visionscarto.net)
L’agro-industrie dévore le bocage, dévorons l’agro-industrie.

On aurait pu penser que cette folle histoire de remembrement initiée par les pouvoirs publics au sortir de la seconde guerre mondiale n’était plus de mise, les arguments en faveur du maintien des haies existantes et de la plantation de nouvelles ayant convaincu durablement l’ensemble de la population, élu·es, paysan·nes et habitant·es. Las. En dépit d’incitations, depuis la fin du siècle dernier, à préserver et replanter ces niches, précieuses pour la biodiversité, les écosystèmes, l’agriculture et la beauté des campagnes, disparaissent encore et toujours de nos espaces ruraux.

1,4 millions de km linéaire de haies arrachées depuis 1950 ; 10 400 km par an, en moyenne, entre 2006 et 2014 ; 23 500 km par an entre 2017 et 2021, soit plus du double ces dernières années. C’est l’âme du bocage qu’on anéantit.

Le média Splann a consacré un dossier à la destruction du bocage dans le Nord-Ouest du pays, qu’il résume ainsi :

Les services rendus par le bocage profitent à l’ensemble de la société, mais les agriculteurs sont trop seuls et peu aidés pour en assurer l’entretien ; Les réglementations liées à la haie sont très complexes et hors-sol ; L’agrandissement des fermes et des machines nuit au bocage ; Cette tendance va s’aggraver avec les nombreux départs en retraites et le recul de l’élevage bovin à l’herbe. »

Ne faut-il pas alors aborder la question sous un angle global (la fin de l’agriculture conventionnelle) et local avec une prise en charge partagée des haies entre collectivités, paysan·nes et société civile ?

En réalité, les politiques actuelles ne sont pas à la hauteur pour redynamiser, revivifier les territoires ruraux, lesquels nécessitent dès à présent des mesures radicales comme la réduction des surfaces céréalières, la fin des élevages intensifs, la généralisation de la polyculture et de l’agroécologie, la plantation de haies et l’aide à l’installation d’une nouvelle génération de paysan·nes à la recherche de terres accessibles. (...)