Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
cyber@cteurs
cyberaction : Halte aux tueurs climatiques
Article mis en ligne le 16 janvier 2020

La participation du groupe allemand Siemens à la construction controversée d’une mine géante de charbon en Australie est au cœur d’un mouvement de contestation outre-Rhin. Le conglomérat est accusé d’aggraver les dérèglements climatiques qui ont favorisé les incendies dévastateurs en Australie.

D’un côté Joe Kaeser, le patron de Siemens, l’un des plus puissants conglomérats industriels allemands, de l’autre, Luisa Neubauer, une jeune activiste, surnommée la “Greta Thunberg allemande" et, en toile de fond, les feux qui ravagent l’Australie à quelque 16 000 km de là.

Dans toute l’Allemagne, une quinzaine de manifestations ont été organisées, lundi 13 janvier, à l’initiative du collectif lycéen et étudiant Friday for Future pour dénoncer la collaboration de Siemens au controversé projet de mine géante Carmichael en Australie. Ces actions ont été le point d’orgue d’une pression continue que la branche allemande du mouvement, fondé par la militante suédoise Greta Thunberg, maintient sur le groupe industriel allemand depuis décembre.

Cette lutte est incarnée par Luisa Neubauer, une étudiante de 23 ans qui a multiplié les prises de paroles dans les médias pour critiquer l’entêtement de Joe Kaeser à honorer le contrat qui lie Siemens à Adani, le géant minier indien, maître d’œuvre du projet Carmichael. “L’Australie brûle, Siemens doit retrouver ses esprits”, avait-elle notamment lancé début janvier. “C’est une question de bon sens”, avait-elle ajouté devant les hésitations affichées par Joe Kaeser.

Siège au conseil de surveillance de Siemens offert

Le patron de Siemens a essayé ces derniers jours de déminer le terrain médiatique en multipliant les mains tendues à ses détracteurs. Il a notamment rencontré Luisa Neubauer pour “écouter” ses doléances et lui a même offert un siège au conseil de surveillance de Siemens Energy, où elle aurait été en mesure “de peser sur les décisions du groupe”, a-t-il déclaré.

Mais rien n’y fait. Luisa Neubauer a rejeté l’offre, qui aurait pu lui rapporter plus de 100 000 euros annuels. "Je connais le droit des actionnaires. Je n’aurais plus été en position de commenter les activités de Siemens de manière indépendante", a-t-elle répliqué. Et de souligner que le temps n’était plus à la négociation, ou la réflexion, mais qu’il fallait agir. (...)

La mine géante consommerait aussi 9,5 millions de mètres cube d’eau pour fonctionner, et le transport par la mer du charbon vers l’Inde serait un coup dur pour la Grande Barrière de corail, déjà en piteux état.

Mais Siemens jugeait sa participation au projet trop modeste pour lui attirer les critiques. (...)

Les feux qui ravagent l’Australie depuis la fin de l’été 2019 ont changé la donne. Hors de question pour les activistes allemands qu’un groupe allemand participe à un chantier qui, en détériorant encore plus le climat, va renforcer les risques que des catastrophes similaires aux incendies actuels se répètent à l’avenir. (...)

Pour l’instant, la pression n’a pas fait plier le groupe allemand. Joe Kaeser reconnaît qu’il est pris entre deux feux : d’un côté, il a des obligations envers la société, mais de l’autre, il en a aussi envers ses partenaires commerciaux. Le patron de Siemens refuse de ne pas honorer le contrat signé avec Adani car sa réputation dans le monde des affaires en pâtirait, risquant de priver l’entreprise d’opportunités futures. En d’autres termes, maintenant que la ciguë a été versée dans le calice, autant le boire jusqu’à la lie.

Nous vous proposons de demander à Siemens de dénoncer sa participation au projet de mine géante Carmichael en Australie