
Depuis la sécheresse de 2016-2017, le département fait face à une situation inextricable. Selon des documents consultés par « Le Monde », l’Etat n’a pas pris la main devant une catastrophe prévisible, tout en poussant sur le marché le groupe Vinci, qui n’a pas pu respecter son contrat.
(...) L’eau manque à Mayotte ? « L’eau, c’est la compétence des élus locaux », coupent d’emblée les sources officielles, notamment le ministre délégué aux outre-mer, Philippe Vigier.
Dans ce dossier, pourtant, l’Etat porte une responsabilité éminente. La pénurie sévère qui frappe l’île depuis mars exige des mesures d’urgence exceptionnelles : rationnement des habitants, envoi de millions de bouteilles, mobilisation de l’armée, recherche à la hâte de forages. Depuis la dernière sécheresse qui, en 2016-2017, avait frappé le petit territoire de 374 kilomètres carrés, la crise est demeurée inextricable.
Consultés par Le Monde, des échanges entre la préfecture et le syndicat des eaux, des documents judiciaires, un audit de la Commission européenne et divers rapports de cabinets de conseil mettent en évidence l’impuissance des pouvoirs publics dans le 101e département français (...)
Un marché engagé dans l’urgence
La SMAE, filiale du groupe Vinci, est titulaire depuis janvier 2008 d’une concession du syndicat intercommunal, pour produire et distribuer l’eau potable – un contrat de 17 millions d’euros par an. La voilà chargée d’attribuer le nouveau marché et d’en diriger les travaux, sur un métier qu’elle ne connaît guère et que le groupe Vinci n’a pas l’intention de développer, la désalinisation. L’usine existante n’a jamais produit la quantité d’eau prévue. (...)