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Contre la gauche, les droites espagnoles font planer l’ombre du franquisme
#Espagne #franquisme #extremedroite #Europe
Article mis en ligne le 9 janvier 2024
dernière modification le 8 janvier 2024

Le Premier ministre espagnol socialiste Pedro Sánchez a été réinvesti en novembre à la tête du gouvernement. Depuis, l’extrême droite de Vox mobilise contre lui dans les rues, parfois avec l’appui de la droite du PP, et avec des relents putschistes.

(...) Face à ce gouvernement de gauche, il s’agit donc, pour Santiago Abascal, président du parti d’extrême droite, d’« appliquer les remèdes adéquats (...) si douloureux et risqués soient-ils »...

C’est le 14 novembre, devant le Congrès des députés, lors du débat préalable au vote sur l’investiture du Premier ministre socialiste que le leader de Vox, troisième force politique du pays, annonce son inquiétant agenda. Désormais, lui et les siens incitent ouvertement à la violence, attaquent explicitement la démocratie et justifient un coup d’État.

La stratégie de l’extrême droite internationale déclinée à l’Espagne (...)

Résultat de cette stratégie, déclinée aux États-Unis avec Trump, au Brésil avec l’ancien président Bolsonaro, désormais en Argentine avec Javier Milei ou ailleurs : « Les citoyens croient de moins en moins en la démocratie comme système politique dans lequel vivre. Surtout chez une partie de la jeunesse », analyse la politologue. (...)

La menace sur « l’unité de la nation » chère à Vox est incarnée en Espagne par les mouvements autonomistes ou indépendantistes catalans et basques. Or, depuis quelques mois, le pays se crispe autour d’une amnistie accordée aux indépendantistes catalans – criminalisés après le référendum et la tentative d’indépendance de 2017. L’amnistie a été promise en échange de leur soutien à l’investiture de Pedro Sánchez. (...)

La droite a lancé une campagne pour rendre la tâche le plus difficile possible à la coalition de gauche. Avec deux arguments clés : l’amnistie serait inconstitutionnelle et mettrait la démocratie en danger ; et l’investiture d’un Premier ministre issu d’un parti arrivé deuxième serait contraire à la logique démocratique. (...)

Pour déstabiliser le gouvernement de gauche, le PP et Vox se sont mis à mesurer leurs pouvoirs de mobilisation respectifs dans la rue. La droite classique convoque des manifestations importantes, qui se sont déroulées globalement sans incident. Mais une nébuleuse d’associations, groupuscules ou personnalités proches de l’extrême droite préfère rallier l’appel de Vox à une « mobilisation permanente et croissante » devant le siège du PSOE à Madrid. Le rassemblement du 7 novembre a tourné à l’affrontement avec les forces de l’ordre durant plusieurs heures.

L’ombre du franquisme (...)

Les rassemblements devant les sièges du PSOE sont devenus quotidiens et se sont étendus au-delà de Madrid. Le mouvement s’est baptisé « novembre national ». Parmi la nébuleuse des groupes de droite extrême, figure un nouveau venu : Revuelta, « révolte ». Revuelta est un mouvement de jeunesse apparu il y a quelques mois, qui assure n’avoir aucun lien avec Vox. Pour Anna López, Revuelta est une émanation de Vox qui peut ainsi se prémunir des accusations d’incitation à la violence et donner le sentiment d’un mouvement spontané indépendant des partis d’extrême droite.

« L’extrême droite a contaminé l’ensemble de l’espace public et politique européen »

Dans cette atmosphère, des prises de position inquiétantes se sont multipliées dans certains corps d’État (...)

dans ses efforts pour retenir ses électeurs séduits par Vox, la droite classique encourage cette dynamique. Le Parti populaire a constamment durci ses positions depuis six ans. (...)

Cette petite musique de délégitimation des processus démocratiques – aussi imparfaits soient-ils – est dangereuse, avertit Guillermo Fernandez : « Face à ce qui est caricaturé comme une dictature ou comme une dérive autocratique, n’importe quelle action politique devient légitime. De l’assassinat au coup d’État plus ou moins dur. » (...)

En face, la gauche espagnole a tardé à prendre la mesure du problème. « La gauche a longtemps pensé que ces phénomènes étaient marginaux en Europe, et n’a pas su renouveler son projet, ses références et ses symboles. Pour freiner l’extrême droite, la gauche doit montrer qu’elle est un outil permettant aux gens de vivre mieux et de réduire les inégalités », estime Anna López. En Espagne comme ailleurs en Europe. (...)

Contre la gauche, les droites espagnoles font planer l’ombre du franquisme