
Ce livre est très important. Pas seulement par ses contenus mais tout spécialement de par ses origines et ses auteurs. En effet, les membres du collectif Chuang, tout en étant chinois d’origine – nombre d’entre eux résidant bien en Chine en différentes provinces – déploient leurs activités à un niveau international. Ils se réclament d’ailleurs, on le remarquera, de cet internationalisme, dans le but assez évident de dépasser toute pose nationaliste ainsi que la sclérose de l’esprit que cela ne peut qu’entraîner.
Opposants résolus au régime chinois ainsi que plus généralement au capitalisme, ils se situent dans la réémergence d’une pensée communiste clairement anti-étatique qui les rapproche en bien des points de la pensée libertaire. On comprendra également qu’aux vues des logiques autoritaires et hyper-répressives politiquement qui sont la règle en Chine, ils doivent demeurer dans l’anonymat et conserver une grande discrétion sur leurs modes d’agissement, leurs lieux de résidence, etc.
Pour tout dire, cela fait déjà assez longtemps que l’on désespérait de voir la réémergence d’une pensée critique autonome de ce type en Chine ; la vision d’une toute-puissance du régime totalitaire de ce pays nous ayant laissé croire qu’il ne laissait plus aucune marge de manœuvre à une opposition effective – comme si la dystopie du 1984 de George Orwell y avait bel et bien pris place.
À travers sa propre existence mais également à travers la description de nombre de manifestations de la résistance des populations aux modes opératoires de la domination, l’on peut constater que c’est encore loin d’être le cas. Le contrôle absolu demeure encore un fantasme du pouvoir bureaucratique et policier qui fort heureusement trébuche sur nombre d’obstacles. (...)
« Toute critique communiste cherchant à saisir le flot historique des événements et la structure actuelle du pouvoir à l’échelle mondiale doit se doter, en dernière instance, d’une orientation pratique – comme ensemble de moyens pour bâtir des liens internationaux entre celles et ceux engagés dans les luttes sur le terrain.
La trajectoire et les spécificités du capitalisme chinois ne peuvent être comprises qu’en relation avec les dynamiques plus large du capitalisme comme système social mondial, même si celles-ci conduisent vers de nouveaux sommets destructeurs ».
(...)