
L’entreprise spécialiste de l’analyse de données cofondée par Peter Thiel vient d’obtenir un nouveau contrat de 30 millions de dollars pour aider l’administration fédérale à traquer et déporter les migrants. Un autre exemple – au-delà de la figure emblématique d’Elon Musk – de la collaboration entre une partie du secteur de la tech et la présidence Trump.
Si l’intensification de la chasse aux migrants aux États-Unis depuis le retour au pouvoir de Donald Trump affole les défenseurs des droits humains, elle est aussi une source de profits pour certaines entreprises. Une récente enquête du média américain ProPublica s’est ainsi penchée sur le cas de Deployed Resources, une firme qui est en train d’engranger des centaines de millions de dollars de contrats de fourniture de tentes pour des camps de détention de migrants à la frontière ou avant leur déportation.
Autre grande gagnante de cette politique : la multinationale de la tech Palantir, avec qui le service de l’immigration et des douanes (Immigration and Customs Enforcement, ICE) vient de signer un nouveau contrat de 30 millions de dollar pour un logiciel, « ImmigrationOS », une plateforme conçue pour mieux surveiller, traquer et expulser les personnes considérées comme en situation irrégulière.
Un traitement massif de données pour le gouvernement (...)
en 2017, lors du premier mandat de Donald Trump, ICE avait utilisé les logiciels de Palantir pour arrêter les parents de mineurs non accompagnés ou planifier des opérations d’arrestation ayant mené à la séparation de familles.(...)
Une entreprise liée à l’administration Trump et aux réseaux conservateurs
Cette collaboration avec le DOGE n’est pas très surprenante. L’un des co-fondateur de Palantir est Peter Thiel, qui avait auparavant co-fondé Paypal avec… Elon Musk. Peter Thiel est aussi très proche du vice-Président de Donald Trump, JD Vance, qui a travaillé pour lui et dont il a été le mentor (...)
Le gouvernement des États-Unis finira-t-il déléguer à Palantir toute la gestion des données des citoyens américains ? La perspective peut inquiéter à plusieurs titres (...)
Clients à l’international et dans le privé
Palantir ne se contente pas de travailler avec le gouvernement étatsunien. Israël utilise aussi ses services, ce qui a conduit la société d’investissement norvégienne Storebrand à se désengager de l’entreprise, ses produits risquant de contribuer à des violations des droits humains et du droit international humanitaire en étant déployés dans les territoires palestiniens. En Europe, Palantir est bien moins présent auprès des agences publiques, même s’il a réussi à remporter un contrat pour la gestion des données du National Health Service (NHS), le système de santé britannique. En France, c’est la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) qui a recourt aux services de Palantir. Et qui essaie maintenant de passer à un logiciel français, mais la migration n’aura a priori pas lieu avant avril 2027.
Enfin, si la firme a été créée avec l’idée de travailler avec les services de défense et de sécurité, elle a très rapidement développé des logiciels et projets pour la gestion des entreprises.(...)
Si toutes les entreprises ne semblent pas communiquer ouvertement sur leurs recours aux systèmes de la sulfureuse firme américaine, on trouve néanmoins des offres d’emploi mentionnant les logiciels de Palantir, que ce soit pour le Crédit Agricole ou la SNCF.