La domination mondiale des États-Unis dans le domaine scientifique n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat d’un partenariat prévoyant entre les secteurs public et privé pour stimuler l’innovation et la croissance économique.
Depuis le 20 janvier, la science américaine a été bouleversée par les coupes sombres opérées par l’administration du président américain Donald Trump. Une série de réductions spectaculaires des subventions et des budgets - y compris les Instituts nationaux américains de la santé (NIH) qui réduisent les remboursements des coûts indirects de la recherche aux universités d’environ 50 % à 15 % - et des coupes sombres dans le personnel des agences de recherche ont provoqué une onde de choc dans toute la communauté universitaire.
Ces réductions mettent en péril l’ensemble de l’entreprise de recherche américaine. Depuis plus de huit décennies, les États-Unis occupent une place inégalée en tant que leader mondial de la découverte scientifique et de l’innovation technologique. Collectivement, les universités américaines créent chaque année plus de 1 100 jeunes entreprises à vocation scientifique, à l’origine d’innombrables produits qui ont sauvé et amélioré des millions de vies, notamment des médicaments pour le cœur et le cancer, et les vaccins à base d’ARNm qui ont aidé le monde à sortir de la pandémie de COVID-19. Ces percées ont été rendues possibles principalement grâce à un partenariat solide entre le gouvernement américain et les universités. Ce système est apparu comme un expédient en temps de guerre pour financer la recherche et le développement (R&D) dans le domaine de l’armement au sein des universités. Il a alimenté l’innovation, la sécurité nationale et la croissance économique des États-Unis. Mais, aujourd’hui, ce moteur est saboté dans la tentative de l’administration Trump de purger les programmes de recherche dans des domaines qu’elle ne soutient pas, tels que le changement climatique et la diversité, l’équité et l’inclusion, et de freiner les protestations sur les campus. Mais les coupes plus larges démantèlent également l’infrastructure même qui a fait des États-Unis une superpuissance scientifique. Au mieux, la recherche américaine est menacée par des tirs amis ; au pire, il s’agit d’une myopie politique.
Les chercheurs ne doivent pas se reposer sur leurs lauriers. Ils doivent faire comprendre la différence entre l’élimination de programmes idéologiquement contestables et la mise en péril de l’ensemble de l’écosystème de la recherche. Voici pourquoi le système de recherche américain a une valeur unique et ce qu’il risque de perdre. Un modèle d’innovation unique L’épine dorsale de l’innovation américaine est un partenariat étroit entre le gouvernement, les universités et l’industrie. Il s’agit d’un écosystème bien calibré : la recherche universitaire financée par le gouvernement fédéral stimule le progrès scientifique qui, à son tour, génère des technologies, des brevets et des entreprises. Ce système est apparu au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, grâce à la vision de Vannevar Bush, conseiller scientifique du président américain, et d’un Congrès clairvoyant, qui ont reconnu que la puissance économique et militaire des États-Unis dépendait de l’investissement dans la science (voir "Deux systèmes"). (...)