
Lors d’une conférence de presse dans le Kent ce vendredi 10 mai, le chef du parti travailliste britannique, Keir Starmer, a révélé son plan pour ralentir l’immigration clandestine et démanteler les réseaux de passeurs au Royaume-Uni, s’il est élu aux prochaines législatives. Il prévoit notamment d’abandonner le Plan Rwanda et de créer un "commandement d’élite chargé de la sécurité des frontières" dans la Manche.
Face aux arrivées illégales de migrants au Royaume-Uni, le Labour promet d’employer les grands moyens. Ce vendredi 10 mai, Keir Starmer, le chef du parti travailliste britannique, s’est rendu près de Douvres, d’où débarquent régulièrement de nombreux exilés dans le pays, pour dévoiler officiellement son plan contre les réseaux de passeurs derrière les traversées clandestines de la Manche.
Un plan qu’il compte mettre en place si le Labour remporte les prochaines élections législatives au Royaume-Uni, prévues d’ici janvier 2025.
InfoMigrants résume les mesures annoncées et les points phares de son projet.
Stopper le Plan Rwanda
Globalement, celui qui pourrait prochainement faire son entrée à Downing Street a adopté une posture de grande fermeté face aux arrivées de migrants au Royaume-Uni, qui sont nettement reparties à la hausse depuis le début de l’année. Keir Starmer fustige d’ailleurs la gestion de la question migratoire par le gouvernement de Rishi Sunak, l’actuel Premier ministre conservateur, qui a fait de la lutte contre l’immigration clandestine une de ses priorités.
Mais le dirigeant travailliste se place surtout en rupture totale avec le Plan Rwanda, défendu par l’exécutif, mais jugé coûteux et inefficace par le Labour. (...)
Le Britannique promet donc de "remplacer les gadgets par un vrai travail" et de gérer la question migratoire en luttant avant tout contre les passeurs.
Mise en place d’un "commandement d’élite chargé de la sécurité des frontières"
Concrètement, Keir Starmer s’engage à réaffecter les fonds du programme rwandais – dont le coût est estimé à 541 millions de livres sterling sur cinq ans, précise The Guardian – à la création d’un nouveau "commandement d’élite de la sécurité des frontières". Ce dernier pourrait travailler en coordination avec les agences d’autres pays européens. Le chef travailliste a d’ailleurs plaidé pour davantage de coopération internationale et un "nouveau partenariat" avec l’organisme européen Europol. (...)
Il entend ainsi faire du Royaume-Uni un "territoire hostile" pour les réseaux de trafiquants qui organisent les périlleuses traversées de la Manche sur des embarcations de fortune. "Nous vous trouverons, nous vous arrêterons, nous protègerons vos victimes", a-t-il lancé lors de son discours ce vendredi.
Embauche de centaines d’enquêteurs spécialisés contre les passeurs (...)
"Rebâtir l’intégrité de notre système d’asile"
Le plan du parti travailliste prévoit également de "rebâtir l’intégrité et les règles de notre système d’asile". Ainsi, des centaines de travailleurs sociaux seront recrutés pour une nouvelle unité chargée d’étudier les demandes d’asile. "Nous maintiendrons la tradition dont nous sommes fiers en tant que nation, qui consiste à soutenir ceux qui fuient les persécutions", assure le député.
Selon un récent rapport parlementaire qui dresse un bilan s’arrêtant en juin 2023, 215 500 demandeurs d’asile sont en attente d’une réponse à leur dossier. Un chiffre qui a "plus que doublé" par rapport à 2015, notent les auteurs. Parmi ces dossiers, 138 000 attendaient une première réponse à leur demande de protection.
Toutefois, dans le même temps, Keir Starmer a annoncé dans The Sun qu’il mettra fin à l’usage d’hôtels pour héberger les demandeurs d’asile, "qui coûte au contribuable près de 8 millions de livres sterling par jour", écrit-il. (...)
Comme le rappellent les journalistes du Guardian, cette politique migratoire axée en priorité sur les passeurs est loin de satisfaire certaines ONG britanniques d’aide aux migrants, qui demandent la mise en place de nouvelles routes sûres et légales pour les demandeurs d’asile. La plupart fuient la guerre et la persécution, et se retrouvent sans autre choix que de devoir risquer leurs vies en prenant de petites embarcations pour traverser la Manche. (...)