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Colère des agriculteurs : le « deux poids deux mesures » assumé du gouvernement
#manifestations #repression #discriminations
Article mis en ligne le 28 janvier 2024
dernière modification le 26 janvier 2024

Le gouvernement, Gérald Darmanin en tête, se montre indulgent envers les agriculteurs en colère. Cette approche met en lumière une réelle partialité, suscitant des questions sur l’équité dans le traitement des différentes expressions de mécontentement social.

Autoroutes bloquées dans tout le pays. Voies ferrées impraticables. Préfectures dégradées par le purin et les flammes. Commerces saccagés. Cargaisons de semi-remorques mises à sac. Arbres abattus pour barricader les routes. La liste n’est pas exhaustive. Un sanglier a même été pendu à un arbre devant des bureaux de l’inspection du travail dans la même région où, vingt années plus tôt, deux inspecteurs du travail étaient abattus en plein cœur d’une exploitation agricole. Un bâtiment de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement a également été soufflé par une explosion. « Est-ce qu’on doit les laisser faire sans envoyer les CRS ? Oui », a répondu, à la surprise générale, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, en direct sur TF1 jeudi 25 janvier.

Sur les dizaines de vidéos consultées, les forces de l’ordre n’utilisent jamais de lacrymogènes ou de grenades et ne procèdent à aucune interpellation. Des agriculteurs en colère ont même été escortés par les forces de l’ordre jusqu’aux lieux de leurs actions. À titre de comparaison, pour la seule mobilisation contre les mégabassines de Sainte-Soline en mars 2023, plus de 5000 grenades avaient été tirées. En deux heures de manifestations, cela correspond à deux grenades toutes les trois secondes. (...)

sur TF1, Gérald Darmanin ajoute : « On ne répond pas à la souffrance en envoyant des CRS. » Quelques heures plus tôt, au micro de France bleu, l’ancien directeur de campagne d’Emmanuel Macron, Jean-Marie Girier, nommé préfet de la Vienne, allait dans le même sens, preuve que les consignes ont été passées : « On n’envoie pas les gendarmes et les policiers sur les gens qui souffrent. »

Quand le gouvernement découvre la désescalade (...)

Le soir même, des manifestants opposés à la loi immigration ont dû faire face aux gaz lacrymogènes à Rennes. Dans la même nuit du 25 au 26 janvier, des agriculteurs ont totalement détruit l’asphalte d’un parking Leclerc, dans l’Hérault, sans réaction des forces de l’ordre. (...)

Gérald Darmanin va encore plus loin et légitime les actions musclées des agriculteurs. « Il y a des coups de sang légitimes. » Cet enchaînement de communication gouvernemental interroge. « Et les Gilets Jaunes ? Et les manifestations contre la réforme des retraites ? Et les révoltes après la mort de Nahel ? » s’exclament des militants sur les réseaux sociaux.

« La reconnaissance de la souffrance est devenue un critère subjectif. » S. Roché
Il faut dire que le contraste de traitement est saisissant. (...)

Sur Public Sénat, Yannick Jadot, sénateur écologiste et ancien candidat à l’élection présidentielle, a dénoncé le fait que si les écologistes entreprenaient « le millième de ce qui se passe aujourd’hui », ils se retrouveraient « en prison et condamnés ». Mais pour Gérald Darmanin, sur TF1, « il n’y a pas deux poids, deux mesures ». Pourtant, ces derniers mois, certains agriculteurs ont aussi dû faire face à la répression lorsqu’ils défilaient aux côtés des « écoterroristes », comme le ministre de l’Intérieur a appelé les écologistes opposés aux mégabassines à Sainte-Soline. Ces agriculteurs, ce sont celles et ceux, de la Confédération paysanne, un syndicat minoritaire placé à gauche. (...)

Le ministre de l’Intérieur, pour appuyer ses propos, explique que « les agriculteurs travaillent ». Le droit de manifester s’adapterait-il en fonction de son travail ? Les non-travailleurs, comme certains retraités ou étudiants, n’auraient donc pas ce droit fondamental ? Les débordements ne seraient légitimes qu’en fonction du statut social ? (...)