
Près d’une jeune femme sur cinq dans le monde s’est mariée alors qu’elle était encore enfant, selon l’agence des Nations Unies pour la santé reproductive et sexuelle. L’UNFPA exhorte les pays à dire « Non, je ne le veux pas » au mariage des enfants, une pratique illégale presque universellement condamnée, qui reste pourtant répandue à travers le globe.
(...) Voici cinq idées reçues sur le mariage des enfants.
Mythe 1 : Le mariage des enfants est toujours illégal
Le mariage d’enfants est interdit par de nombreux accords internationaux, qu’il s’agisse de la Convention relative aux droits de l’enfant, de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes ou du programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement de 1994.
Pourtant, 640 millions de femmes et de filles dans le monde ont été mariées quand elles étaient enfants, et de nouveaux mariages d’enfants ont lieu chaque jour.
Comment cela est-il possible ?
De nombreux pays interdisent en principe le mariage des enfants, mais définissent l’âge autorisé du mariage comme étant autre que 18 ans ou autorisent des exceptions avec le consentement des parents ou en vertu du droit religieux ou coutumier. Dans de nombreux cas, ces mariages, et les mariages en général, ne sont pas enregistrés légalement, ce qui rend difficile l’application de la loi. (...)
Mythe 2 : Le mariage d’enfants est parfois nécessaire
Le mariage d’enfants reste répandu en partie parce qu’il est considéré comme une solution à d’autres problèmes.
Dans les crises humanitaires, les taux de mariage d’enfants augmentent souvent. Les parents pensent que le mariage assurera l’avenir de leur fille en faisant d’un mari le responsable de son soutien économique et de sa protection contre la violence.
Le mariage d’enfants est considéré comme une solution qui préservera l’honneur d’une fille et de sa famille après - ou dans certains cas avant - qu’elle ne tombe enceinte. Dans les pays en développement, la majorité des naissances chez les adolescentes ont lieu dans le cadre du mariage.
Pourtant, le mariage des enfants n’est pas une véritable solution à ces problèmes. (...)
Mythe 3 : Ce problème est en voie de disparition
Le mariage d’enfants peut sembler comme un problème du passé ou de régions reculées, mais il reste en fait une menace sérieuse pour les filles du monde entier.
Si les taux de mariage d’enfants diminuent lentement dans le monde, les pays où ces taux sont les plus élevés sont aussi ceux où la croissance démographique est la plus forte, ce qui signifie que le nombre absolu de mariages d’enfants devrait augmenter.
Le problème est mondial. Le plus grand nombre d’enfants mariés vit dans la région Asie-Pacifique. Le taux de mariage d’enfants le plus élevé est observé en Afrique subsaharienne. L’absence de progrès en Amérique latine et dans les Caraïbes signifie que cette région devrait arrivée en deuxième position en termes de prévalence de mariages d’enfants, d’ici à 2030.
Mais le problème ne se limite pas aux pays en développement. Il existe également dans des pays comme le Royaume-Uni et les États-Unis. (...)
Mythe 4 : Il s’agit d’une question culturelle ou religieuse
Le mariage des enfants est parfois présenté à tort comme une pratique imposée par la religion ou la culture. Or, aucune tradition religieuse majeure n’impose le mariage d’enfants.
En fait, les chefs culturels et religieux du monde entier adoptent souvent une position ferme contre le mariage des enfants, en particulier lorsqu’on leur fournit des preuves des conséquences de cette pratique. (...)
L’UNFPA travaille avec des chefs religieux du monde entier qui s’efforcent de mettre fin au mariage des enfants, notamment des prêtres, des moines, des religieuses et des imams.
« Nous constatons de très bons résultats en ce qui concerne la lutte contre le mariage des enfants », affirme Gebreegziabher Tiku, un prêtre éthiopien.
Mythe 5 : Cela n’arrive qu’aux filles
Bien que la grande majorité des mariages d’enfants concernent des filles, les garçons peuvent également être mariés.
Selon les données de 2019, 115 millions de garçons et d’hommes à travers le monde ont été mariés avant l’âge de 18 ans. Ces unions sont également liées à une paternité précoce, à une éducation limitée et à des opportunités réduites dans la vie.
Toutefois, les filles sont touchées de manière disproportionnée par cette pratique. (...)
Quel que soit le sexe de l’enfant concerné ou le pays dans lequel l’union a lieu, le mariage d’enfants est une pratique néfaste qui nécessite de s’attaquer à un ensemble commun de causes profondes. Il s’agit notamment de l’inégalité économique, de l’accès limité aux services et aux informations en matière de santé sexuelle et génésique et de facteurs tels que les conflits. L’une des principales causes profondes - l’inégalité entre les hommes et les femmes - doit faire l’objet d’une attention urgente et renouvelée.
« Si nous avons aboli le mariage des enfants, nous n’avons pas aboli la masculinité prédatrice », souligne Gabrielle Hosein, Directrice de l’Institut d’études sur le genre et le développement à l’université des Antilles, à Trinité-et-Tobago.
Pour Kevin Liverpool, militant au sein de l’association CariMAN, les hommes et les garçons ont un rôle essentiel à jouer.
« Il est important de sensibiliser ces groupes, ces individus, à ce qu’est le féminisme, aux raisons pour lesquelles l’égalité des sexes est importante pour les femmes, mais aussi pour les hommes et pour l’ensemble de la société ».