
Selon le ministère gazaoui de la Santé, l’entreprise d’anéantissement israélienne à Gaza déjà fait plus de 25 000 mort·es et de 62 000 blessé·es. Ne craignant nullement l’obscénité, l’éditocrate Caroline Fourest choisit de les diviser par cinq.
Il faut bien sûr – et quoi qu’on en ait, et quel que soit le dégoût qu’inspirent évidemment ces ignominies – tenir le compte des infamies qui sont quotidiennement dites ici, pendant que là-bas, à Gaza, continue l’entreprise d’anéantissement (...)
La semaine dernière, par exemple, sur BFMTV, où elle était encore invitée, l’éditocrate Caroline Fourest a contesté ce bilan. « Nous avons, a-t-elle doctement expliqué, une guerre à huis clos, qui va se dérouler sans beaucoup de témoins, donc y a pas beaucoup de journalistes sur place pour vérifier, ce qui fait que l’on dépend en effet d’une source unique qui est une source terroriste habituée à mentir. » (Comprendre : le Hamas, au pouvoir à Gaza.) (...)
L’obscénité, dans ces proférations, est partout. L’espace manque ici, mais observons tout de même que, lorsqu’elle constate d’abord qu’« il n’y a pas beaucoup de journalistes sur place pour vérifier » les bilans humains terrifiants que produit quotidiennement le ministère gazaoui de la Santé, Fourest oublie soigneusement de préciser que c’est parce que le gouvernement israélien, manifestement désireux de maintenir le huis clos sous le couvert duquel il perpètre depuis trois mois une immense tuerie, interdit à la presse de se rendre à Gaza – et parce que son armée, depuis trois mois, a assassiné la plupart des journalistes palestiniens qui se trouvaient sur place.
Elle oublie aussi que le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme considère que les chiffres produits par les autorités sanitaires de Gaza (2) sont « un reflet raisonnablement précis de la situation sur le terrain » – et que, de fait, le gouvernement israélien lui-même ne les conteste guère. (...)
Mais l’éditocrate, elle, tient donc à les « diviser, si ce n’est par cinq, au moins par dix » – formulation tout à fait édifiante –, pour suggérer, par conséquent, que l’immonde carnage en cours à Gaza n’aurait pas fait 25 000 mais 2 500 à 5 000 mort·es – tout en jurant évidemment qu’elle ne cherche nullement à « nier qu’il y ait des pertes civiles » (...)