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Club de Mediapart/ la Société des Journalistes de Mediapart
Carte de presse : les discriminations doivent cesser
#journalistes #discriminations
Article mis en ligne le 24 octobre 2024

Dans une tribune, 21 sociétés de journalistes, rédactions de médias indépendants et collectifs de pigistes dénoncent le règlement discriminatoire de la commission qui attribue la carte de presse vis-à-vis des femmes voilées et des personnes transgenres ou non binaires

Cette semaine débutent les élections pour élire les collèges de la Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels (CCIJP). Instance paritaire et indépendante, composée d’employeurs et de syndicalistes, c’est elle qui délivre chaque année la précieuse carte de presse qui permet aux journalistes d’être identifiés sur le terrain, comme d’accéder à bon nombre d’événements officiels.

Pour les journalistes pigistes, la détention de cette carte est aussi la base de calcul pour déterminer leur ancienneté… et donc leur rémunération. Ne pas posséder de carte de presse est une entrave quotidienne à l’exercice de leur métier.

Or la CCIJP refuse systématiquement de délivrer ce précieux sésame professionnel aux femmes journalistes portant le voile, arguant que le photographie figurant sur la carte se doit de répondre aux canons des documents officiels. Une décision prise en assemblée générale de la CCIJP qui ressemble fort à un excès de zèle puisque la carte de presse n’est en aucun cas un document officiel d’identité.

Ce choix de s’aligner sur les normes des préfectures semble également en contradiction avec l’indépendance vis-à-vis de l’État revendiquée par la CCIJP elle-même. (...)

Nos consœurs qui portent le voile se voient donc mises face à un choix impossible. Se dévoiler pour obtenir leur carte de presse. Ou renoncer à la carte de presse, et se voir précarisées sur un marché de l’emploi qui ne leur est déjà pas très ouvert.

Comment expliquer aussi que les journalistes transgenres ou non-binaires sont contraint·es de voir figurer leur ancien prénom sur cette carte, tant que leur changement de nom n’a pas été enregistré à l’état civil. Là encore, c’est aller à l’encontre de l’avis de la Défenseure des droits rendu en juin 2020, qui recommande aux employeurs, privés comme publics, d’accéder au changement de prénom lorsque la personne en fait la demande, et ce quel que soit son état civil.

En tant que journalistes, nous ne pouvons accepter que ces discriminations perdurent plus longtemps dans notre métier. On ne peut déplorer indéfiniment le manque de diversité de notre profession et s’accommoder de ces atteintes à l’égalité, comme l’ont récemment rappelé six associations de journalistes (l’Association des journalistes antiracistes et racisé·es, l’Association des journalistes LGBTQIA+, Prenons la Une, Profession : Pigiste, la Chance et l’Association des femmes journalistes de sport).

Comprenons que si le sujet a sans doute peu émergé jusque-là au sein de la plupart des rédactions, ce n’est pas qu’il soit mineur, c’est qu’il révèle le manque encore criant d’inclusivité de nos médias.