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Cannes : la Palme d’or et le cri de liberté du dissident iranien Jafar Panahi
#festivaldeCannes #JafarPanahi #Iran #resistances
Article mis en ligne le 26 mai 2025

Le dissident iranien Jafar Panahi a reçu la Palme d’or au Festival de Cannes samedi pour son film "Un simple accident", brûlot politique tourné clandestinement, envoyant à ses compatriotes un message pour "la liberté".

"Mettons tous les problèmes, toutes les différences de côté", a lancé aux Iraniens le cinéaste de 64 ans, qui a pu se rendre à Cannes pour la première fois depuis 15 ans.

"Le plus important en ce moment, c’est notre pays et c’est la liberté de notre pays", a-t-il ajouté après avoir reçu son trophée, remis par l’actrice australo-américaine Cate Blanchett et la présidente du jury, la comédienne française Juliette Binoche.

Thriller moral auscultant le dilemme d’anciens détenus tentés de se venger de leur tortionnaire, "Un simple accident" s’en prend aux forces de sécurité iraniennes.

Panahi, qui a connu la prison à deux reprises en Iran, pays dont il ne pouvait pas sortir jusqu’à récemment, a-t-il peur d’y retourner dimanche, alors que son sort est incertain ? "Pas du tout", a-t-il répondu à l’AFP.

Son film a été réalisé clandestinement, le cinéaste étant sous le coup d’une interdiction de tournage. Au mépris des lois de la République islamique, plusieurs de ses actrices apparaissent sans voile. (...)

L’agence de presse officielle iranienne Irna l’a toutefois salué samedi soir pour avoir "apporté la Palme d’or au cinéma iranien", 28 ans après Abbas Kiarostami.

L’an dernier, la récompense avait échappé à un autre Iranien dissident, Mohammad Rasoulof, qui avait dû se contenter d’un prix spécial et est resté ensuite en exil. (...)

Cette année, le palmarès ne compte aucun film américain. (...)

Le jury, qui comptait dans ses rangs les acteurs américains Halle Berry et Jeremy Strong, a privilégié des films en marge des grands circuits de l’industrie, ainsi que les jeunes talents. (...)

Le festival a fait écho aux conflits au Proche-Orient et en Ukraine et a été marqué par des déclarations engagées, à commencer par la charge de l’acteur américain Robert De Niro contre le président de son pays, Donald Trump, lors de la cérémonie d’ouverture. (...)

Lire aussi :

 (Telerama /abonnés)

Palme d’or de Cannes 2025, “Un simple accident”, de Jafar Panahi, thriller à tombeau ouvert sous la dictature des mollahs

(...) Tourné clandestinement à Téhéran (sans aucun financement iranien), au nez et à la barbe des censeurs, typique du cinéma « embarqué » de Jafar Panahi, qui sait comme personne, au moins depuis Taxi Téhéran, enfermer les tensions d’une société dans le huis clos d’un véhicule en mouvement, le film roule à tombeau ouvert sur les routes d’un pays écorché. Dialogues d’une justesse convulsive, douleur et colère arrachés à la matière brute du réel : à bord du van de Vahid, l’hétéroclite et attachante bande de ravisseurs qu’il a peu à peu rassemblée (une mariée et son promis, une photographe, un grand gaillard énervé) ne s’interroge pas seulement sur l’identité de leur otage et le sort qu’ils doivent lui réserver. (...)

À la barre de ce bouillonnant petit tribunal de fortune, ils sont aussi contraints de mesurer leur humanité, leur désir de vengeance et de justice, et tout ce qui différencie de leurs oppresseurs. Thriller haletant, formidable portrait choral, prouesse de mise en scène sous contrainte (...)

Jafar Panahi est un cinéaste politique essentiel. Persécuté depuis de longues années, il n’avait jamais pu recevoir en personne l’hommage du cinéma mondial (entre autres, le Prix du scénario pour Trois Visages à Cannes en 2018 et le Prix spécial du jury à Venise en 2022 pour Aucun ours). Cette année, pour la première fois en quinze ans, il est enfin présent sur la Croisette pour défendre, encore et toujours, cet autre Iran qui ne rend pas les armes.