
Organisée par la réalisatrice franco-iranienne Sepideh Farsi, qui consacre un documentaire sélectionné par le festival à la photojournaliste palestinienne Fatma Hassona, la rencontre a dû être délocalisée.
Les organisateurs l’ont appris la veille au soir. L’hôtel Le Majestic, à Cannes (Alpes-Maritimes), a tout simplement annulé la réservation d’un salon où devait se tenir une conférence de presse sur la situation à Gaza. L’établissement cinq étoiles aurait jugé l’événement « incompatible avec [sa] clientèle », selon les informations obtenues par la réalisatrice franco-iranienne Sepideh Farsi.
La cinéaste, organisatrice de la conférence de presse, se dit « hallucinée », et s’agace de voir « des personnes et des institutions s’indigner de la situation à Gaza, mais reculer lorsqu’il y a une action concrète pour alerter l’opinion publique ». Contacté par Mediapart, l’hôtel, qui appartient au groupe Barrière, a indiqué qu’il ne « souhait[ait] pas faire de commentaire » sur le sujet.
La conférence de presse a finalement eu lieu sur le stand du pavillon palestinien, situé dans le village international du Festival de Cannes. Sepideh Farsi a tenté d’attirer l’attention médiatique de la Croisette sur le meurtre de Fatma Hassona, photojournaliste palestinienne à qui elle a consacré le documentaire Put Your Soul on Your Hand and Walk. Fatma Hassona a été tuée le 16 avril par une frappe de l’armée israélienne. La veille, elle avait sauté de joie en apprenant que le documentaire était programmé à l’Acid Cannes 2025, une sélection parallèle de cinéastes indépendants. (...)
« Si je brise la routine du festival pour faire quelque chose d’aussi politique, c’est parce que c’est la première fois que la protagoniste d’un documentaire [diffusé à Cannes] se fait tuer, et pourtant rien ne se passe », raconte, dépitée, Sepideh Farsi.
À ses côtés, Francesca Albanese est elle aussi venue rendre hommage au travail de Fatma Hassona, qui, par ses photos, documentait la souffrance quotidienne des Gazaoui·es. La rapporteuse spéciale des Nations unies pour les territoires palestiniens a fait le déplacement à Cannes « parce qu’on a besoin de médias et de cinéma indépendants où les Palestiniens ont encore une voix quand ils sont vivants. Les médias mainstream ne le font qu’une fois qu’ils sont morts ».
« On ne se relèvera jamais de cette honte de laisser les Palestiniens être éliminés de la surface de la Terre ». Adèle Haenel
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En dehors des ONG, peu de personnalités du monde du cinéma ont répondu à l’appel de Sepideh Farsi.
Le réalisateur britannique Ken Loach a fait parvenir un texte pour dire sa solidarité avec le peuple palestinien. (...)