
Cinq élus français de Guadeloupe et deux chefs de file européens ont exprimé leur mécontentement ce week-end (9 et 10 décembre) après que le groupe Radio Caraïbe International (RCI) a décidé de suspendre la journaliste Barbara Olivier-Zandronis suite à son interview du président du Rassemblement national, Jordan Bardella.
Au cours de l’interview, M. Bardella a réagi sèchement aux questions de Mme Olivier-Zandronis.
« Si vous êtes agressive, à ce moment-là, je m’en vais », a-t-il tancé.
Le leader du Rassemblement national a également dit à Mme Olivier-Zandronis qu’elle devrait arrêter de lire ses notes, puis a déclaré que les écoles de journalisme « n’étaient plus ce qu’elles étaient ». Il lui a finalement demandé : « Vous avez votre carte dans quel parti politique, Madame ? ».
Suite à cette interview, la direction de RCI Group a décidé de l’écarter pour un temps du journal de 13h.
« Il est profondément troublant de constater que l’engagement de Barbara Olivier-Zandronis envers une information juste et sa volonté d’exercer son métier en conscience, aient été punis [par son retrait du journal de 13 heures], alors même que c’est monsieur Jordan Bardella qui aurait dû être sanctionné pour son comportement », ont réagi par une lettre ouverte trois députés et deux sénateurs guadeloupéens, dont l’ancien ministre des régions ultrapériphériques, Victorin Lurel.
La lettre demande que Mme Olivier-Zandronis soit rétablie dans ses fonctions, au nom de la liberté de la presse et de la protection des journalistes.
Les chefs de file aux élections européennes des écologistes (Les Verts/ALE), Marie Toussaint, de Renaissance (Renew Europe), Stéphane Séjourné et le leader de La France Insoumise (The Left), Jean-Luc Mélenchon, ont également exprimé leur soutien à la journaliste dimanche (10 décembre). (...)
Questions sur la campagne de l’UE liées à la Guadeloupe
Durant son journal, Mme Olivier-Zandronis a interrogé le soutien des régions ultrapériphériques françaises au parti de M. Bardella. Elle a rappelé au chef de parti qu’historiquement ni Jean-Marie Le Pen, fondateur du Front national – aujourd’hui rebaptisé Rassemblement national – ni sa fille Marine Le Pen n’ont été les bienvenus dans les Antilles françaises. (...)
Ensuite, Mme Olivier-Zandronis a suggéré que les députés RN au Parlement européen ne soutiennent pas les Guadeloupéens lorsqu’ils votent. Elle a notamment cité l’inscription de l’écocide dans la liste des crimes de l’UE, le renouvellement de la flotte de pêche et le scandale du chlordécone, un pesticide dangereux pour la santé, utilisé en Guadeloupe jusqu’en 1993 et responsable de nombreuses maladies sur l’île. (...)
Le travail de Jordan Bardella au Parlement européen en question
Mme Olivier-Zandronis a commencé par demander au président du RN pourquoi posait-il souvent des questions orales au Parlement européen, mais n’avait à son actif qu’une seule proposition de résolution. (...)
Enfin, Mme Olivier-Zandronis a rappelé à M. Bardella que ses collègues avaient voté contre la reconnaissance par l’UE de l’esclavage comme crime contre l’humanité en 2020, et lui a demandé d’expliquer sa position personnelle. (...)
Lire aussi :
– (Contre Attaque)
Guadeloupe : une journaliste écartée après avoir interviewé le RN sans s’aplatir (podcast 4’11)
(...) Elle a été suspendue de l’antenne, ses chefs estimant qu’elle avait manqué de professionnalisme.
On peut donc dire « ferme ta gueule » et appeler à la dissolution de la France Insoumise ou à « dégommer la gauche » et même répéter que le premier parti de gauche est « antisémite » sans le moindre problème sur les plateaux, mais poser des questions factuelle, non.
Cette mise en retrait scandaleuse intervient après les pressions contre le journaliste Mohamed Kaci qui avait interrogé de façon solide un représentant de l’armée israélienne, et alors qu’une simple critique contre l’éditorialiste de droite Ruth Elkrief a provoqué une polémique nationale.
La liberté de la presse est à géométrie très variable.
Une pétition a été mise en ligne pour Barbara Olivier-Zandronis.