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SNJ CGT/Communiqué de la campagne EscapeX, 19 février
Campagne internationale EscapeX : améliorer l’espace public numérique
#EscapeX #numerique #medias #HelloQuitteX
Article mis en ligne le 25 février 2025

En réponse à l’inquiétude croissante face à l’ingérence d’Elon Musk dans les démocraties européennes, plusieurs initiatives à travers l’Europe ont uni leurs forces pour lancer la campagne EscapeX. Ce mouvement invite les particuliers, institutions, médias et décideurs politiques à se détacher de la plateforme X et à migrer vers des espaces numériques plus démocratiques et décentralisés tels que Bluesky et Mastodon. Il promeut une application permettant aux utilisateurs de reconstituer leurs connexions sur ces plateformes plus respectueuses.

La campagne EscapeX est fondée sur une alliance d’initiatives lancées ces derniers mois. En France par la campagne HelloQuitteX, portée par la Ligue des droits de l’Homme, La Quadrature du Net, SNJ-CGT, Nothing 2 Hide, On est prêt et Au Poste.

Elle a provoqué une migration inédite vers Bluesky et Mastodon (selon les chiffres de Mastodon, les analyses du PDG de X France et de L’Express comparant la France et les États-Unis) en incitant de nombreux médias grand public, responsables politiques et villes à quitter X.

  • En Espagne, la campagne Vámonos Juntasa été lancée par plus de 120 organisations.
  • En Allemagne, plus de 120 universités et instituts de recherche ont annoncé leur retrait de X sous le nom de SciXit.
  • En Italie, les militants ont lancé la pétition « Ban X in EU » et la campagne Leave X, accompagnée d’une lettre ouverte appelant les responsables politiques européens à abandonner X.

Ensemble, ces mouvements recentrent le débat public vers des espaces numériques plus ouverts et démocratiques.

EscapeX est également soutenu en Allemagne par Campact, une organisation dans laquelle plus de 3,5 millions de personnes sont engagées dans une politique progressiste pour la défense de la démocratie. Sur sa plateforme de pétition WeAct, près de 600.000 signatures ont déjà été recueillies cette année pour la demande « Musk stop, shut down X ».

EscapeX : Recréer un espace numérique démocratique

La campagne EscapeX va au-delà de la simple désertion d’une plateforme : elle propose de reconstruire un espace numérique démocratique. Elle appelle à privilégier des plateformes mieux adaptées au débat public, avec des algorithmes neutres ne biaisant pas les discussions et des réseaux favorisant une modération efficace des contenus, soutenant ainsi le journalisme et les informations fiables. Elle revendique l’indépendance face aux milliardaires technocrates et aux influences politiques, tout ce qui manque aujourd’hui à la plateforme X.

Un progrès majeur OpenPortability facilite la transition

La plateforme OpenPortability (https://openportability.org), développée par le laboratoire ISC-PIF du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) et une équipe de bénévoles, et promue par la campagne EscapeX, permet aux utilisateurs de recréer leurs connexions dans des espaces plus respectueux du débat démocratique. Cette application relie les identités sur X, Mastodon et Bluesky tout en restaurant les liens entre tous ceux qui utilisent l’application.

En France, plus de 30.000 utilisateurs ont déjà rejoint l’application, permettant de recréer jusqu’à 45 millions de liens entre comptes enregistrés. En quelques clics, les utilisateurs peuvent rétablir leurs communautés sur des plateformes alternatives, en toute transparence et sans perdre leurs anciens contacts. Il suffit que la plateforme identifie leurs contacts sur X, grâce à leurs données X, et ces contacts seront avertis au fur et à mesure de leur inscription sur Mastodon ou Bluesky. Cette initiative constitue une avancée concrète pour la portabilité des données, un principe fondamental inscrit dans le Digital Services Act au niveau européen.

Appel à l’action

La campagne EscapeX appelle tous les professionnels de l’information, responsables politiques et, plus largement, les défenseurs d’une démocratie vivante à déplacer le centre de gravité de l’agora numérique vers des espaces plus sereins, en utilisant dès maintenant l’application OpenPortability.

Lire aussi :

 (Zataz)
Nous avons analysé le code source de HelloQuitteX.

HelloQuitteX s’annonce comme une solution simple pour quitter X et migrer vers BlueSky ou Mastodon. Conçue par un collectif comprenant des acteurs comme la Ligue des Droits de l’Homme ou La Quadrature du Net, cette application répond à une demande croissante de souveraineté numérique. Cependant, dès ses débuts, plusieurs limitations techniques ont suscité des interrogations. ZATAZ tente de tirer le vrai du faux !

Quelle belle idée que voilà, proposer aux internautes souhaitant quitter X, ex-Twitter, de passer par un outil qui facilitera le transfert des abonnés et des abonnements sur d’autres réseaux sociaux. L’application, censée automatiser le transfert des abonnés et abonnements d’un réseau à l’autre, a rencontré des retards dès son lancement. Deux jours après son déploiement, ses fonctionnalités n’étaient toujours pas pleinement opérationnelles. Cette précipitation, justifiée par les développeurs comme une nécessité pour respecter des délais stratégiques du 20 janvier, date de l’investiture du 47ème Président des Etats-Unis d’Amérique, a été mal perçue par une partie de ses utilisateurs. Un développement accéléré augmente les risques de bugs, de failles de sécurité, et d’une expérience utilisateur dégradée. La déclaration des créateurs, affirmant que « la phase 1 a été développée dans des temps records« , a alimenté des craintes légitimes quant à la solidité de l’outil. (...)

L’inquiétude est accentuée par les autorisations étendues requises pour utiliser HelloQuitteX. L’application peut accéder à toutes les publications visibles par l’utilisateur, y compris celles provenant de comptes protégés. Elles sont sauvegardées sur le serveur de l’application, le temps de la migration. Si elle est mal contrôlée, cela peut entraîner des abus ou des problèmes de confidentialité. Je n’y crois pas, nous sommes en France, la CNIL n’est jamais bien loin pour remettre dans le droit chemin tout débordement bancal. (...)

Les partisans d’HelloQuitteX rappellent que le RGPD protège les droits des utilisateurs, notamment leur droit de récupérer et de réutiliser leurs propres données. Cependant, cette législation n’empêche pas les litiges. X pourrait contester l’utilisation de ces données pour alimenter des réseaux sociaux concurrents, invoquant des clauses spécifiques de ses conditions générales d’utilisation.

Fournir ses identifiants pour migrer ses données reste un acte risqué, malgré les garanties affichées.

Les utilisateurs s’interrogent également sur la télémétrie mise en œuvre par HelloQuitteX. Bien que les créateurs affirment qu’aucune donnée personnelle n’est exploitée, la collecte de métriques anonymisées pourrait, si elle est mal encadrée, être utilisée à des fins inattendues. ZATAZ vous montre cette collecte, plus bas.
Une bataille politique et idéologique autour de la migration numérique

Au-delà des aspects techniques, HelloQuitteX reflète des enjeux sociétaux et politiques profonds. L’application s’inscrit dans un contexte de méfiance croissante envers les grandes plateformes technologiques. En facilitant la transition vers des réseaux sociaux alternatifs comme BlueSky ou Mastodon, elle incarne un mouvement pour la décentralisation et la protection des droits numériques.

Cependant, cette initiative n’échappe pas à la polarisation. Pour certains, HelloQuitteX est une réponse salutaire à l’hégémonie d’Elon Musk et à ses décisions controversées concernant X. Pour d’autres, elle soulève des inquiétudes quant à l’indépendance des plateformes vers lesquelles elle oriente les utilisateurs. Mastodon, par exemple, est décentralisé mais nécessite une compréhension technique plus poussée, tandis que BlueSky, bien qu’innovant, reste limité par une adoption encore marginale. Je vous passe les commentaires politiques « gauche/droite » qui ont noyé l’opération et qui n’ont rien à faire dans ce papier.

Les soutiens institutionnels d’HelloQuitteX, notamment la Ligue des Droits de l’Homme et le SNJ-CGT, renforcent son image militante. Mais cette alliance avec des organisations aux agendas variés pourrait également compliquer sa perception par le grand public. Une autre question cruciale reste la réponse des autorités et des entreprises. Si certains ministères semblent avoir adopté HelloQuitteX, leur validation pourrait être vue comme une caution implicite de la fiabilité de l’application. Pourtant, sans une validation explicite de l’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information) et de la CNIL, ces choix restent controversés.

Enfin, la migration encouragée par HelloQuitteX pourrait être interprétée comme un défi juridique et commercial envers X. Elon Musk, connu pour ses positions tranchées, pourrait réagir face à ce qu’il pourrait percevoir comme une ingérence dans l’écosystème de son réseau social. Une confrontation légale pourrait alors redéfinir les règles d’utilisation des données personnelles dans un contexte de migration numérique. Je ne parle même pas du détournement (trés drôle et trés X de la marque Hello Kitty).

Bref, HelloQuitteX offre une opportunité séduisante pour les utilisateurs cherchant à reprendre le contrôle de leur présence en ligne. Toutefois, ses failles techniques, les questions juridiques et les préoccupations liées aux données personnelles invitent à la prudence. Avant d’utiliser l’application, il est essentiel de bien comprendre les risques et les implications. Et au pire, faîtes comme ZATAZ, si vous souhaitez quitter un réseau social, prenez un peu de temps pour comprendre comment le faire avec votre cerveau et vos dix doigts.