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France24
"C’est peut-être la dernière fois que je vois mon appartement" : les civils fuient Téhéran
#Israel #Iran
Article mis en ligne le 18 juin 2025

Face à l’intensification des frappes israéliennes sur Téhéran et aux discours belliqueux des deux camps, de nombreux habitants de la capitale iranienne ont choisi de fuir. Ils se sentent pris en étau entre le pouvoir iranien et les bombes israéliennes. France 24 a récolté les témoignages de certains d’entre eux.

(...) La journée de dimanche a été particulièrement éprouvante. Neguine a repris le travail malgré les frappes. "L’une d’entre elles est tombée à quelques rues du bureau, j’ai cru que l’immeuble avait été touché. On a tous paniqué." Le retour chez elle a été chaotique. "J’ai fait des détours pour éviter les zones frappées, j’ai traversé une ville noyée dans l’odeur de l’essence – plusieurs dépôts pétroliers ont été frappés dans la nuit de dimanche à lundi – et j’ai vu des colonnes de fumée un peu partout. Je n’arrivais pas à joindre mon fils, que j’avais confié à sa grand-mère." L’idée de partir a germé.

Pris en étau entre le pouvoir iranien et les bombes israéliennes

Dans plusieurs interviews à des médias internationaux, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a appelé les Iraniens à se soulever contre la "tyrannie" et a estimé qu’assassiner le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, mettrait "fin au conflit".

Les Iraniens voient "que le régime est beaucoup plus faible" qu’ils ne le pensaient, a aussi dit le chef du gouvernement israélien. "Ils le comprennent et cela peut produire des résultats", a-t-il ajouté, laissant entendre qu’un changement de pouvoir en Iran "pourrait" avoir lieu.

"Pour le moment", estime Neguine, interrogée alors qu’elle se dirige vers le sud du pays en voiture, "tout ce que je vois, c’est que nous sommes devenus des déplacés de guerre, à cause des querelles de deux bandes assoiffées de pouvoir". Comme elle, une partie de la population se sent prise en étau entre le pouvoir iranien et les bombes israéliennes. (...)

"Quarante-cinq ans qu’on les supporte !", s’emporte Mina au sujet des dirigeants iraniens. "Quarante-cinq ans qu’ils insultent le monde entier, qu’ils nous confisquent tout, nous exploitent pour prétendument s’armer. Et en cinq jours, ils ont vidé leurs réserves de missiles ? C’est ridicule et effrayant."

Difficile de savoir exactement de quelles forces armées dispose encore le régime iranien après plusieurs jours de guerre, ni de quel arsenal de missiles et de drones. Néanmoins, d’après plusieurs experts interrogés par France 24, la démonstration de force balistique iranienne n’est pas pour le moment à la hauteur de ce qui a pu être promis par les autorités.

"Il ne revient pas à Netanyahu de décider de notre avenir" (...)

Lire aussi :

 Anatomie d’une attaque aérienne : quand Israël frappe un carrefour très fréquenté de Téhéran

Les premières frappes israéliennes contre l’Iran, le 13 juin, visaient des installations militaires et nucléaires, ainsi que des responsables. Mais les attaques suivantes ont touché un panel plus large de cibles, avec un nombre plus important de civils tués. Le 15 juin, le quartier de Tajrish, à Téhéran, a été touché par deux attaques aériennes. L’une a frappé un immeuble, l’autre a touché l’un des carrefours les plus empruntés du nord de Téhéran. Ces frappes ont causé la mort de 17 personnes, selon les autorités iraniennes. (...)

La frappe sur l’immeuble a détruit les trois derniers étages. Des panneaux sur le bâtiment indiquent qu’il abritait une banque ainsi qu’une organisation liée à une mosquée locale.

L’autre frappe, qui a touché le centre du carrefour de Tajrish, a provoqué la rupture de la conduite d’eau principale et inondé la zone pendant plusieurs heures.

L’armée israélienne a affirmé avoir visé des installations de la Force Al-Qods, l’unité d’élite des Gardiens de la révolution, à dix endroits différents à Téhéran. Bien qu’il soit possible que la Force Al-Qods ait des bureaux dans l’immeuble de six étages, la cible de la frappe au milieu du carrefour reste inconnue.

Selon les autorité iraniennes, les deux frappes aériennes ont tué 17 personnes, dont un enfant de 3 ans, un garçon de 16 ans et une femme enceinte ; 46 blessés ont par ailleurs été signalés. (...)

Les derniers chiffres communiqués le 15 juin par Hossein Kermanpour, porte-parole du ministère iranien de la Santé, font état de 224 morts et 1 227 blessés en Iran à la suite des frappes israéliennes. Dans sa publication sur X, il précise que 90 % des victimes sont des civils.