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Mediapart
Budget : les socialistes épargnent le gouvernement Bayrou
#budget #Bayrou #socialistes #LFI #RN
Article mis en ligne le 5 février 2025
dernière modification le 4 février 2025

Le PS a décidé lundi qu’il renonçait à renverser le gouvernement Bayrou après ses 49-3 sur le budget, laissant planer une fausse menace de censure sur l’immigration. Une décision qui suscite la colère des Insoumis, le soulagement du camp présidentiel et les atermoiements du RN qui ne sait plus de quel côté du « chaos » se placer.

« Nous voici à l’heure de vérité, à la semaine de vérité et de responsabilité. Aucun pays ne peut vivre sans budget », a déclaré le premier ministre à la tribune, alors que des « c’est pas vrai ! » et des « démagogues ! » se faisaient entendre sur les bancs insoumis. Un peu plus tôt, le député LFI Éric Coquerel, président de la commission des finances, avait d’ailleurs dénoncé le « chantage » du gouvernement et les « peurs » qu’il agite.

« Faudrait-il laisser passer ce mauvais budget sous peine d’être privés de budget tout court ? On connaît la chanson, a-t-il lancé à la tribune. Déjà pour éviter la première censure, on nous annonçait que les cartes Vitale ne fonctionneraient plus et que les fonctionnaires ne seraient plus payés. [...] Il y a bien aujourd’hui un budget. Ce budget, c’est la loi spéciale qui est en vigueur depuis le 1er janvier 2025 et permet à l’État de fonctionner. »

Et de poursuivre, à destination du gouvernement : « Pour exercer ce chantage vous avez adopté des circulaires restrictives, vous avez par exemple plafonné les crédits à 25 % sous prétexte de respecter les futurs votes de l’Assemblée. Vos circulaires bloquent le paiement des subventions et l’engagement de nouvelles dépenses d’investissement. Rien n’oblige à bloquer les Pass culture ou les services civiques dans les collectivités. »

Le PS, « béquille » de l’exécutif

Dans un tel contexte, la décision du PS de renoncer à la censure a provoqué la colère de leurs alliés insoumis du Nouveau Front populaire (NFP). « Ce sont des traîtres ! », a fulminé le député LFI Ugo Bernalicis. Pour parer ces accusations, les socialistes ont rapidement annoncé vouloir déposer, au titre de l’article 49-2 de la Constitution, une motion de censure « spontanée » pour dénoncer la politique du gouvernement en matière d’immigration.

« Une hypocrisie sans nom et sans risque, puisqu’ils savent bien que ce sera une balle à blanc », a commenté Éric Coquerel sur les réseaux sociaux. Cette motion, qui devrait être déposée la semaine prochaine, n’a effectivement aucune chance de faire chuter le gouvernement, puisque ni le Rassemblement national (RN) ni le camp présidentiel ne voteront un texte remettant en cause les politiques de Bruno Retailleau en la matière.

Dans le groupe socialiste, où huit député·es avaient déjà enfreint la consigne en votant la censure après la déclaration de politique générale de François Bayrou, la décision de lundi ne fait pas l’unanimité. Bien que « verrouillée » en amont, selon un participant du bureau national, celle-ci a fait l’objet de quelques oppositions en interne (...)

Le député PS Jérôme Guedj se félicite, quant à lui, des avancées sur le fond. « Les 4 000 postes, l’indexation des pensions de retraite sur l’inflation, l’augmentation du fonds vert… ce n’est pas rien », liste-t-il, tout en continuant de laisser planer le doute sur l’éventualité d’une censure sur le budget de la Sécurité sociale. Et cela alors même qu’il dit avoir obtenu 6 des 8 milliards réclamés au moment des discussions sur le texte initialement proposé par Michel Barnier.

Peu convaincu que la motion de censure du PS sur l’immigration ait la moindre chance de renverser le gouvernement, Jérôme Guedj « croit » davantage en une censure fin juin, quand s’achèveront les discussions entre les partenaires sociaux sur la réforme des retraites. Un sujet qui pourrait alors coaliser l’ensemble des forces de gauche et le RN, quand bien même elles ne proposent pas les mêmes alternatives.

Les atermoiements du RN (...) Mais contrairement au mois de décembre, cette position n’a plus rien de décisif maintenant que le choix du PS est connu. Car quand bien même les troupes de Marine Le Pen voteraient la censure, l’addition de leurs voix à celles des élus du NFP – à l’exception des socialistes – ne suffirait pas à faire chuter le gouvernement Bayrou. (...)