
Les centaines d’objets confisqués par la gendarmerie durant le Village de l’eau des militants antibassines ont commencé à être restituées à leurs propriétaires. Révélant une forme d’amateurisme et un déni de justice.
« Un couteau à beurre, des écussons, une bouteille de sirop, un imperméable kaki... » Sur l’air de La Complainte du progrès de Boris Vian, le porte-parole de Bassines non merci, Julien Le Guet, égraine la liste best-of des objets les plus absurdes confisqués durant la semaine d’action antibassines du 16 au 21 juillet. Son public ? Des dizaines de militantes et militants en file indienne devant la gendarmerie de Sauzais-Vaussais, à côté de Melle, venus récupérer leurs effets personnels lundi 22 juillet.
De nombreux médias avaient relayé les stupéfiantes statistiques tambourinées par le ministère de l’Intérieur : 5 000 contrôles, plus de 400 « objets dangereux » confisqués en deux jours à peine... Mais sur le parking visiteur de cette gendarmerie giflée par les passages de poids lourds, la glorieuse lutte contre l’écoterrorisme prend des airs de brocante d’accessoires de camping. (...)
« Armes par destination », était le refrain de ces saisies. Même sort pour tous les matériels de protection : masques, lunettes, bouchons d’oreille, parapluies ont fini confisqués par centaines. Des vêtements noirs, aussi, assez pour vêtir un escadron. La gendarmerie a joué la fashion police. (...)
Privés de justifications légales, les citoyens partagent les interprétations hasardeuses des gendarmes. Un feutre Posca noir ? « Lancé assez fort au visage, cela peut blesser un agent », aurait-on répondu à une jeune femme. Quant aux serviettes hygiéniques, elles « peuvent faire office de masque ». (...)
Si l’on peut en rire, le mélange d’arbitraire et d’amateurisme ronge les nerfs des militants. Dans les éboulements de sacs-poubelles qui dégueulent des garages à l’arrière de la gendarmerie, des agents pataugent, désemparés, à la recherche d’un numéro de dossier. Des dizaines de scellés ont été perdus, des objets cassés. « Vous m’écrivez et je l’enverrai à mes frais à la gendarmerie la plus proche du domicile », tente de concilier le colonel de gendarmerie à une femme qui brandit par-dessus la grille son passeport sur lequel il a appliqué un post-it avec une adresse électronique. « On n’a aucune garantie ! », tempête-t-elle en retour avant de demander un procès-verbal jamais remis. (...)
« De toute façon, après ça, beaucoup de gens n’ont plus envie d’entendre parler de la police. »