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La vie des idées
Aux origines de l’histoire environnementale
#environnement #nature
Article mis en ligne le 15 juin 2025
dernière modification le 14 juin 2025

Notre définition de la nature ne correspond pas à celle des Grecs et des Romains. Du « mois du bœuf » à « dame Forêt », les Anciens ne songeaient pas à séparer les hommes de leur environnement animal ou végétal.

La « nature » est l’un de ces concepts que l’on manie sans s’interroger sur la vision du monde dont il procède. Le mot semble évident, simple, immuable, naturel. Pourtant, comme tout concept, il est le fruit d’une histoire, d’une langue, d’une culture qui l’ont patiemment construit.

En 2005, l’anthropologue – désormais professeur au Collège de France – Philippe Descola publiait Par-delà nature et culture, une réflexion ethno-anthropologique et philosophique nourrie par son expérience auprès des Achuars d’Amazonie. Il y concluait à la dimension occidentale et moderne de notre notion de nature et de ce qu’elle implique : une coupure radicale entre l’homme et ce qui le caractérise (la culture, la société, l’art) et les règnes minéraux, végétaux et animaux.

Fondue en un grand tout, cette nature est dès lors pensée comme radicalement autre, qu’il s’agisse de s’en protéger, de la dominer ou de la préserver. Historiens, anthropologues et philosophes de l’environnement ou du vivant – concepts utiles pour prendre la nécessaire distance avec celui de « nature » – s’emploient, depuis lors, à en interroger les origines, les contours, les fondements et les limites.
Astres et plantes

C’est dans cette veine que s’inscrit l’ouvrage dirigé par Maria Cecilia d’Ercole, Silvia d’Intino et Florence Gherchanoc et co-écrit par dix-neuf autres chercheurs du centre AnHiMA (Anthropologie et histoire des mondes anciens). Principalement spécialistes des civilisations grecque et romaine, ils interrogent la notion à sa source, à une époque où elle n’a pas encore pris son sens actuel : l’Antiquité. Ils participent ainsi du développement de l’histoire environnementale, vieille de quelques décennies seulement, et plus jeune encore quand appliquée à l’histoire ancienne. (...)