
Depuis des années, le fondateur de WikiLeaks, Assange, se bat contre son extradition vers les Etats-Unis, la voie juridique est presque épuisée. Un tribunal londonien se demande désormais si Assange peut encore faire appel.
L’étau se resserre autour de Julian Assange. Une extradition vers les États-Unis pourrait avoir lieu très prochainement. Les voies de recours par lesquelles il peut s’opposer à une extradition sont en grande partie épuisées.
Une audience de deux jours a lieu à partir d’aujourd’hui à Londres devant la Haute Cour. Les juges doivent décider si Assange peut faire appel de son transfert aux Etats-Unis, autorisé par la justice en 2021 et ordonné plus tard par la ministre de l’Intérieur de l’époque.
Il est peu probable que la décision soit prise et annoncée cette semaine, mais cela reste possible. Si les juges décident qu’il ne peut pas faire appel, il pourrait être expulsé assez rapidement.
L’épouse s’inquiète pour sa santé
Pour son épouse Stella Assange, il s’agit d’une question de vie ou de mort. Elle a averti qu’Assange mourrait aux Etats-Unis s’il était extradé : "Julian est incarcéré depuis près de cinq ans dans la prison de haute sécurité de Belmarsh. Sa santé physique et mentale s’est fortement dégradée".
La cellule de prison dans laquelle Julian Assange est détenu depuis 2019 mesure deux mètres sur trois. Il y est enfermé seul 21 heures par jour.
Les autorités américaines promettent des soins suffisants
Son extradition a pu être stoppée dans un premier temps parce que des médecins avaient averti qu’il ne recevrait pas de soins médicaux suffisants aux Etats-Unis. Les autorités américaines avaient alors assuré que des soins appropriés seraient disponibles.
Mais ce n’était pas une assurance fiable, explique Stella Assange : "Aux Etats-Unis, la mise à l’isolement est une pratique courante. Aux Etats-Unis, il existe également une forme extrême de détention à l’isolement. La CIA peut déterminer ses conditions de détention - c’est l’agence qui a voulu le tuer".
La forme extrême de l’isolement prévoit par exemple la détention dans une pièce sans fenêtre, tout contact avec l’extérieur peut être interrompu, les échanges avec les avocats sont lus.
Stella Assange fait également référence à un reportage qui semble prouver que la CIA prévoyait de kidnapper ou de tuer Assange. Le rapport médiatique correspondant, publié en 2021 par plusieurs journalistes d’investigation sur le portail Yahoo News, cite de nombreuses sources.
Une fuite et ses conséquences
En 2010, Julian Assange avait publié des documents prouvant que des crimes de guerre avaient été commis par des soldats américains en Afghanistan et en Irak. Ces fichiers lui avaient été transmis.
Rebecca Vincent, de l’organisation Reporters sans frontières, estime que la liberté de la presse est menacée par les actions menées contre Assange :
Nous avons vu des preuves de crimes de guerre et de violations des droits de l’homme. Aucune poursuite n’a été engagée à ce sujet. Seuls les éditeurs ont été poursuivis. Si les autorités américaines le font venir et l’inculpent, c’est alarmant. Cela pourra toucher d’autres entreprises de médias, quiconque publie une enquête sur la base d’informations divulguées.
La CEDH, dernier espoir ?
Vincent qualifie Assange de prisonnier politique. Si les juges lui refusent un recours, Assange aurait tout au plus une chance de saisir la Cour européenne des droits de l’homme.
Mais les chances de succès sont alors difficiles à évaluer. D’une part, parce que les avocats d’Assange en Grande-Bretagne pourraient agir en justice contre l’extradition. D’autre part, parce qu’il est difficile de savoir comment la justice britannique réagirait à une telle intervention.
Le gouvernement britannique est sous pression pour faire reculer la compétence de la Cour européenne des droits de l’homme. Cela est lié à la politique des réfugiés au Royaume-Uni. Le gouvernement veut mettre en œuvre des plans selon lesquels les réfugiés qui traversent la Manche peuvent être expulsés vers le Rwanda. La Cour de Strasbourg ne devrait pas pouvoir arrêter cette décision.
L’affaire émeut également de nombreuses personnes en Australie, car Assange a la nationalité australienne. Le Parlement vient de voter à une large majorité une motion demandant à la Grande-Bretagne et aux Etats-Unis de clore l’affaire afin de permettre à Assange de rejoindre sa famille en Australie.