
Sept hommes sont jugés depuis lundi par la cour criminelle départementale de Paris pour proxénétisme aggravé et traite d’êtres humains. Soupçonnés d’appartenir à un gang criminel nigérian, ils sont accusés d’avoir exploité sexuellement des femmes nigérianes sans papiers pour le compte de leur organisation. Malgré l’omerta, plusieurs parties civiles ont prévu de témoigner contre eux à la barre.
Elles s’appellent Nancy, Maichel ou encore Loveth. Entourées par une flopée de travailleuses sociales, ces Nigérianes se sont assises pour la première fois sur les bancs de la cour criminelle départementale de Paris lundi 24 juin.
Le regard inquiet, elles ont brièvement tourné la tête vers le box des accusés. Sept hommes, tous Nigérians, y sont assis. Ils sont âgés de 27 à 44 ans et se connaissent. Ils sont suspectés d’avoir exploité plusieurs femmes, toutes nigérianes, au sein d’un réseau de proxénétisme actif entre l’Italie et la France.
Arrêtés en juin 2021, ils sont mis en examen pour proxénétisme aggravé (car en bande organisée) et traite des êtres humains et risquent jusqu’à vingt ans de prison. Entre 2019 et 2021, ils auraient mis en place un redoutable stratagème basé sur la "gestion partagée des femmes, impliquant des menaces et une surveillances mutuelles accentuant l’effet de groupe", comme l’a indiqué la présidente de la cour criminelle, juridiction intermédiaire entre la cour correctionnelle et la cour d’assises.
Avortements forcés (...)
Si certaines ont entretenu des relations intimes voire amoureuses avec leurs proxénètes, toutes les accusent de violences physiques, notamment de coups de ceinture. Plusieurs d’entre elles dénoncent également des avortements forcés, soit à l’aide de coups dans le ventre, soit par l’absorption de Cytotec, un médicament provoquant l’expulsion du fœtus.
Comme souvent pour ce type de procès, l’affaire pénale a débuté par une dénonciation. Une association, la Mist, spécialisée dans la traite d’être humain à caractère sexuel, a multiplié les maraudes depuis 2020 pour détecter les femmes sous emprise et tenter de les sortir des réseaux de prostitution. (...)