
Pour faire face à un éventuel pic de délinquance pendant la compétition, les juridictions de région parisienne ont mis en place des dispositifs spéciaux. Mais les premiers jours n’ont pas entraîné de surcharge.
onutIonut C. n’a pas pleuré quand la présidente lui a annoncé qu’il dormirait en prison. Ses larmes n’ont commencé à couler qu’après, quand il a appris que sa femme, Somna P., irait aussi. Il implore le tribunal de la laisser en liberté, au moins elle, sans obtenir aucune réponse.
Lundi 29 juillet, à Bobigny, ces Roumains de 35 et 32 ans étaient jugés en comparution immédiate pour vol en réunion avec deux de leurs connaissances, un père de 46 ans et son fils de 25 ans. Tous vivent dans le même campement de Stains et s’expriment depuis le box par l’intermédiaire d’une interprète.
Deux jours plus tôt, alors qu’ils revenaient des puces de Clignancourt où ils ont l’habitude de vendre des fripes pour subsister, les quatre prévenus ont dérobé les sacs à dos de deux journalistes brésiliens venus en France pour les Jeux olympiques, qui s’étaient écartés un instant de leurs affaires pendant un tournage à Saint-Ouen. (...)
Comme les autres juridictions de région parisienne, Bobigny se prépare depuis un an à un surcroît d’activité pendant les Jeux olympiques (JO) et paralympiques (JOP) et a mis en place une organisation spéciale, impliquant d’étaler les congés, d’apurer les stocks d’affaires en souffrance et de tenir des audiences supplémentaires.
Une troisième chambre de comparution immédiate a même été ouverte. Pourtant, sur les vingt-deux affaires qui y sont jugées lundi 30 juillet, seulement deux concernent de près ou de loin les Jeux olympiques. Les autres ressemblent au quotidien du deuxième tribunal de France (...)
Dès qu’ils se sont rendu compte de la disparition de leurs sacs « rutilants », selon le mot de la procureure, les deux journalistes brésiliens ont prévenu une patrouille Sentinelle, puis géolocalisé leur matériel pour aider les policiers à résoudre l’affaire. En quelques minutes, les quatre prévenus sont arrêtés à bord d’un C4 Picasso, avec leur butin : des appareils informatiques, des téléphones, des accréditations pour les Jeux, des pièces d’identité, du maquillage… Tout a été restitué aux victimes, qui ne se sont pas constituées parties civiles et n’assistent pas à l’audience.
Ils n’entendront pas les excuses de Marcelo G., 45 ans, qui reconnaît être descendu de voiture pour ramasser les sacs mais maintient qu’il les croyait « abandonnés ». Ils ne verront pas la panique de Ionut C., condamné une dizaine de fois en France pour des vols et des délits routiers, qui promet de retourner auprès de ses quatre enfants en Roumanie si on lui en laisse l’occasion.
Les efforts de leurs avocates ne suffisent pas à leur éviter un mandat de dépôt (...)
Un magistrat au Stade de France
Chaque jour, un magistrat du parquet assiste aux épreuves qui se déroulent au Stade de France, depuis le PC sécurité. Dédié à la coordination avec les responsables policiers présents, il est chargé de « fluidifier la réponse pénale en cas de délinquance massive ». Il se retrouverait aussi en première ligne en cas d’attentat, jusqu’à la saisine du Parquet national antiterroriste.
Petit bonus, le magistrat envoyé au stade peut profiter des Jeux olympiques. (...)
« Il y a un policier par mètre carré à Saint-Denis » en ce moment, rappelle la magistrate. La stratégie revendiquée par Laurent Nuñez – « saturer l’espace public de policiers » – semble payer. (...)
En parallèle du renforcement de ses permanences, le parquet a mis en place une « doublure JO » au tribunal. Là aussi, ça tourne. Lundi 29 juillet, c’est Antoine Haushalter qui est chargé de suivre toutes les gardes à vue liées aux Jeux olympiques. Sur son écran s’affichent les affaires du jour (...)
L’objectif du parquet de Bobigny, comme des tribunaux voisins, reste de « ne pas avoir à gérer le contentieux JO des semaines ou des mois après », rappelle Sébastien Piffeteau. Il assume une « réponse pénale rapide », faite d’ordonnances pénales sur déferrement, de « plaider-coupables » et de comparutions immédiates. « De gros efforts » sont déployés pour « la prise en charge de victimes étrangères » accompagnées par SOS Victimes et assistées d’interprètes au besoin.
Huit mois ferme pour un vol de portable (...)