
Le Trésor britannique estime que l’hébergement très coûteux des demandeurs d’asile en hôtel pourrait se poursuivre encore plusieurs années. Le camp travailliste avait promis lors des élections générales de remédier à ce système, mais peine à trouver des solutions alternatives pérennes.
(...) Certaines entreprises chargées par le gouvernement de trouver des hôtels pour les migrants ont même réalisé des bénéfices records ces dernières années, donnant lieu à de nombreuses critiques.
Plus étonnant, le quotidien britannique révèle que le ministère de l’Intérieur a rejeté des solutions alternatives d’hébergement, alors qu’elles étaient moins onéreuses que le système actuel. Le fournisseur d’hébergement Serco a par exemple proposé des "hébergements de taille moyenne", comme la conversion de logements étudiants, mais le ministère de l’Intérieur ne les a pas acceptés.
5,5 millions de livres sterling par jour (...)
Le coût des grandes structures d’hébergement sous-évalué
Mais conservateurs comme travaillistes peinent à trouver des solutions efficaces, en témoignent les différents échecs enregistrés ces derniers mois. Le projet de barge flottante Bibby Stockholm a été abandonné fin novembre 2024. Deux mois plus tôt, c’est le projet d’héberger des demandeurs d’asile à la base militaire de Scampton, dans le Lincolnshire, qui a été abandonné en raison de son coût trop élevé (122 millions de livres d’ici 2027). Et en septembre 2025, la caserne Napier, à Folkestone, pointée du doigt pour ses conditions insalubres, fermera aussi ses portes.
"Le Home office espérait loger en janvier 2024 1 870 personnes sur les grands sites (barges, bases militaires), mais en septembre 2024, seulement 900 personnes s’y trouvaient, déclare à InfoMigrants Nuni Jorgensen, chercheuse à l’Observatoire des migrations de l’université d’Oxford. D’après le National audit office, le ministère de l’Intérieur a sous-estimé le coût d’ouverture de ces sites, parce qu’il y a non seulement les coûts de fonctionnement, mais aussi le coût des travaux de mise aux normes".
Depuis les émeutes anti-migrants de l’été 2024, le gouvernement britannique se heurte aussi à l’opposition des communes qui redoutent l’installation de demandeurs d’asile sur leur territoire. En août dernier, confronté à l’hostilité des habitants de Stafford (nord de Birmingham), le Home office a renoncé à installer 500 demandeurs d’asile dans d’anciennes résidences étudiantes.
Interrogé sur ce sujet en septembre dernier, la ministre de la Sécurité des frontières et de l’Asile, Angela Eagle, a déclaré : "Le gouvernement a l’intention de revenir aux centres d’hébergement dispersés, utilisés depuis longtemps, et ce dès que possible, une fois que nous aurons progressé dans la résorption des arriérés."
Fin 2024, les dossiers de demande d’asile en attente atteignait le nombre de 125 000. Et les traversées en small boat se poursuivent (...)