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Mediapart
Au procès des geôliers de l’État islamique, la communion entre les ex-otages et la famille d’un terroriste
#terrorisme #jihadisme #journalistes #otages #EtatIslamique #Syrie
Article mis en ligne le 7 mars 2025
dernière modification le 6 mars 2025

On appelle ça un moment d’audience. Quand la vie s’invite dans un prétoire et bouscule l’ordre établi. Mardi 4 mars, au douzième jour du procès des geôliers de l’État islamique, on en a vécu deux.

Le premier survient alors que l’audience vient d’être suspendue pour la pause déjeuner. Après avoir témoigné dans la matinée, le père, la mère et l’une des sœurs de Salim Benghalem, terroriste jugé en son absence (il est présumé décédé en Syrie), s’en vont, les yeux humides, accablés.

Nicolas Hénin et Radwan Safar Jalany s’approchent. Ces deux journalistes français et syrien ont été séquestrés et torturés par Benghalem et ses sbires. Les deux hommes se présentent à la famille, les remercient pour leurs témoignages. On se promet de se revoir, de se parler. Et pour finir, on se tombe dans les bras, on s’embrasse. « Ils ne gagneront pas », conclut la sœur de Benghalem à propos des terroristes.

Quelques heures plus tard, une vidéo est diffusée à l’audience. Dans le sous-sol de l’hôpital ophtalmologique d’Alep, on y voit Salim Benghalem, à visage découvert. Il s’apprête à asséner un coup de pied à un prisonnier. Cette vidéo a déjà été diffusée au cours du procès.

Alors Didier François, l’ex-otage qui était absent le matin, se précipite sur le premier banc du public où se trouvent la mère et la sœur de Benghalem, Nicolas Hénin est déjà à leurs côtés. Et voilà deux victimes de prévenir et de réconforter les deux femmes qui vont être confrontées à la violence de ce proche qui a été leur tortionnaire. Les deux hommes restent un long moment à encadrer les malheureuses. Le contraste est saisissant : tandis que la barbarie envahit l’écran géant, l’humanité triomphe dans l’enceinte de la cour d’assises.

Avant cet épisode, la famille Benghalem a fait part de sa honte et de ses blessures toujours pas refermées à la suite des exactions de leur enfant, leur frère. (...)