
Le jihadiste Peter Cherif a été condamné ce jeudi 3 octobre à Paris à la réclusion criminelle à perpétuité pour son rôle au Yémen auprès de Chérif Kouachi, l’un des assaillants de l’attentat de Charlie Hebdo en 2015, et pour la séquestration de trois humanitaires en 2011.
(...) À l’énoncé du verdict, Peter Cherif est resté impassible. Reconnu coupable de toutes les charges qui lui étaient reprochées, le jihadiste français a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 22 ans, conformément aux réquisitions du parquet national antiterroriste. La présidente de la cour d’assises spéciale de Paris, Frédérique Aline, a expliqué que cette décision avait été prise « au regard de la gravité des faits » reprochés, et de la « dangerosité » de Peter Cherif. (...)
« La cour a retenu votre rôle de facilitateur, d’intégrateur de Chérif Kouachi auprès d’Aqpa », a déclaré la présidente, précisant qu’il était « le seul Français » au sein de l’organisation jihadiste lors du séjour de Chérif Kouachi à l’été 2011 au Yémen. « Vous aviez forcément connaissance de la mission qui lui avait été confiée », a-t-elle ajouté, soulignant que les deux hommes avaient maintenu des liens après le retour de Chérif Kouachi en France. (...)
Durant le procès, Peter Cherif a usé la plupart du temps de son droit au silence, une stratégie mal vécue par les parties civiles. Il a toutefois reconnu avoir été l’un des geôliers des trois humanitaires, ayant servi de « traducteur » pour faire l’interface entre les otages et leurs ravisseurs yéménites d’Al-Qaïda. Il a, en revanche, réfuté avoir joué un rôle dans l’attentat de Charlie Hebdo.
Dans leurs réquisitions mercredi, les deux avocats généraux ont dressé le portrait d’un « jihadiste intégral » qui fut « la pierre angulaire de la préparation » de l’attentat de Charlie Hebdo. Les avocats de la défense ont pour leur part dénoncé « un match truqué », dans des plaidoiries qui ont parfois provoqué un certain malaise dans la salle d’audience. « Est-ce que ce procès a permis de répondre aux questions des parties civiles ? », a demandé Me Nabil El Ouchikli. « Peut-être que l’une des raisons du silence ou des prises de parole ponctuelles de Peter Cherif, c’est que ces réponses-là, il ne les a pas », a-t-il avancé.
Son confrère, Me Sefen Guez Guez, a fait part après l’énoncé du verdict de sa « déception », estimant qu’on était « dans l’utilisation quasi-exclusive pour des faits extrêmement graves de déductions faites à partir du silence, du vide, de l’absence ». Il a indiqué qu’il étudierait avec son client l’opportunité de faire appel la semaine prochaine.
« On ne se satisfait pas d’une réclusion criminelle à perpétuité, mais le fait est que l’engagement jihadiste de Peter Cherif est tout à fait exceptionnel », a de son côté déclaré Me Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo. Selon lui, son engagement « fanatique » ne s’est pas « démenti, même pas à l’audience : il n’expliquait rien, on ne pouvait pas comprendre, il ne donnait aucun espoir ». « Ce que cela sanctionne, c’est 20 ans d’erreurs, de préférence, de la mort à l’amour, de la violence à la paix », a estimé le conseil.