À Arras, élèves et professeurs du lycée Gambetta sont sortis au compte-gouttes de l’établissement tout au long de l’après-midi, pour retrouver leurs proches affolés et massés dans les rues attenantes. Une atmosphère de plomb est tombée sur la ville.
Vers 11 heures, vendredi 13 octobre 2023, le pire est arrivé à Arras, trois ans jour pour jour ou presque après l’assassinat de Samuel Paty. Mohammed Mogouchkov, ancien élève du lycée, se présente devant l’établissement et tue un premier enseignant, Dominique Bernard, professeur de français, puis blesse un autre enseignant avec un couteau avant de rentrer dans la cour.
« Moi je sortais à ce moment-là d’une des rampes d’accès qui donnent sur la cour, raconte Martin Doussau, professeur de philosophie. Il s’est approché et on s’est réfugiés derrière des portes vitrées. On essayait de fermer les portes derrière nous, de verrouiller, alors qu’il poussait de l’autre côté. Un agent a essayé de s’interposer face à lui. Il était au milieu dans la cour. J’ai un peu honte de ne pas être allé aider à ce moment-là, de ne pas avoir porté secours, mais il ne donnait plus de coups de couteau, j’ai cru que c’était en train de se calmer. »Vers 11 heures, vendredi 13 octobre 2023, le pire est arrivé à Arras, trois ans jour pour jour ou presque après l’assassinat de Samuel Paty. Mohammed Mogouchkov, ancien élève du lycée, se présente devant l’établissement et tue un premier enseignant, Dominique Bernard, professeur de français, puis blesse un autre enseignant avec un couteau avant de rentrer dans la cour.
« Moi je sortais à ce moment-là d’une des rampes d’accès qui donnent sur la cour, raconte Martin Doussau, professeur de philosophie. Il s’est approché et on s’est réfugiés derrière des portes vitrées. On essayait de fermer les portes derrière nous, de verrouiller, alors qu’il poussait de l’autre côté. Un agent a essayé de s’interposer face à lui. Il était au milieu dans la cour. J’ai un peu honte de ne pas être allé aider à ce moment-là, de ne pas avoir porté secours, mais il ne donnait plus de coups de couteau, j’ai cru que c’était en train de se calmer. » (...)
En quelques minutes, un professeur du lycée a été tué. Un autre enseignant et deux autres membres du personnel de la cité scolaire ont été blessés. (...)
« Les élèves étaient montés dans les étages, ils ont filmé, très vite, et ont vu beaucoup de choses, confirme de son côté le professeur de philosophie Martin Doussau. Toute une façade est vitrée. Et ils ont mis en ligne aussi très vite. »
Après l’attaque, les profs sortaient comme des zombies, les enfants pleuraient, j’ai vu un élève venir présenter ses condoléances à un professeur, c’était terrifiant.
Matthieu Hanse, représentant des parents d’élèves à Gambetta
Ces vidéos qui circulent, et ce depuis les premières minutes de l’attaque, ont eu le temps de briser les plus costauds. Claire, infirmière scolaire dans un collège d’Arras, en décharge syndicale ce vendredi, s’est précipitée au travail pour donner un coup de main. « Mon établissement avait fermé ses portes en fin de matinée pour protéger les élèves, raconte-t-elle. Dans le hall, tout de suite, une dizaine d’élèves sont venus vers moi, on a dû ouvrir une salle plus grande. Beaucoup avaient vu des vidéos sur le temps de midi, certains grands avaient montré des vidéos aux plus jeunes. Les petits pleuraient beaucoup, beaucoup s’inquiétaient pour leurs copains collégiens à Gambetta. » (...)
Une fois le nom des professeurs connus, les réactions n’attendent pas : « Le prof d’EPS blessé, c’était le prof principal de mon fils au collège, un prof que j’ai adoré, explique Mathieu Hanse. Quand on a su, mon fils et moi, qu’il s’était interposé, je n’étais pas du tout étonné, c’est complètement l’idée que je me faisais du personnage. » Claire, l’infirmière, est tout aussi émue. « Parce que M. Bernard était l’enseignant de français de mes enfants. Je l’ai vu en réunion parents-profs plusieurs fois, personne ne devrait avoir à subir ça. »
17 heures, 18 heures, les élèves continuent de sortir, les plus tardifs ont été retenus par la police pour entendre leur témoignage. (...)
« Il ne faut pas se laisser aller à des choses déplacées : ce drame renvoie à cette question de savoir comment on fait société et communauté ». Frédéric Leturque, maire d’Arras (...)