A l’heure de la première protestation contre le nouveau chef d’Etat d’extrême droite, le gouvernement argentin a déclaré lundi 18 décembre que les aides sociales seront coupées à tout manifestant entravant la circulation, provoquant l’indignation de l’opposition.
Couper une rue dans l’Argentine présidée par Javier Milei aura dorénavant un risque plus élevé pour les pauvres que pour les riches. Lundi 18 décembre, à la veille d’une première mobilisation contre le nouveau président d’ultra-droite ces mardi 19 et mercredi 20 décembre, le gouvernement ultralibéral redoublait de menaces envers les protestataires : quiconque bloquera une route se verra retirer son aide sociale. Une mesure déclarée comme anticonstitutionnelle par les députés de l’opposition, qui l’ont dénoncée devant la justice, selon le quotidien espagnol El País.
La ministre du Capital humain, Sandra Pettovello, a averti lundi dans un bref message diffusé sur son compte X (anciennement Twitter) de l’exécutif que « ceux qui coupent les rues ne seront pas payés », ciblant nommément « les bénéficiaires des plans sociaux ». Autrement dit, les Argentins les plus vulnérables, qui dépendent des aides sociales pour vivre. Selon l’Observatoire social de l’université catholique d’Argentine, 40,1 % de la population du pays est pauvre, tandis qu’un habitant sur deux reçoit une forme d’aide de l’État, soit directement, soit par l’intermédiaire d’une organisation (...)
Loin de calmer le jeu, ces déclarations ont fait monter la tension du côté des partis de gauche et des syndicats. « Nous allons tous descendre dans la rue », a asséné Eduardo Belliboni, l’un des leaders d’un important mouvement social de gauche radicale, Polo Obrero (Pôle ouvrier), rapporte El País. Le choix de la date de leur mobilisation contre le plan d’économies du président d’extrême droite, vu comme un « dynamitage du pouvoir d’achat », n’est pas dû au hasard : le 20 décembre est associé dans la mémoire des Argentins aux grandes manifestations de 2001, qui avaient fait 39 morts et un demi-millier de blessés lors de la crise de la dette publique. Depuis, décembre a toujours été un mois mouvementé dans le calendrier argentin, avec des coupures d’axes de circulation quasi quotidiennes chaque année, notamment à Buenos Aires. (...)
« Plus qu’une limitation de l’usage de la force policière, il s’agit d’une autorisation d’exercer la violence contre les manifestants » dès lors « criminalisés », avait dénoncé le Centre d’études sociales et juridiques (CELS) le 14 décembre, à l’annonce du nouveau protocole de sécurité du gouvernement. Celui-ci est dénoncé par plusieurs organisations de défense des droits de l’homme, qui y voient une atteinte à la liberté de manifester. (...)
Polo Obrero a dénoncé « un plan d’agression du peuple » par Patricia Bullrich. Les députés du Frente de Izquierda (Front de gauche) agissent de leur côté sur le plan juridique. Ce lundi, ils ont demandé une mesure préventive devant les tribunaux pour suspendre et déclarer comme inconstitutionnel ce protocole anti-manifestations. Après les annonces de la ministre, plusieurs médias avaient souligné qu’un plan similaire avait déjà été lancé, sans grand succès, sous le gouvernement Macri.