
Après trois années d’âpres négociations, les eurodéputés et les représentants des 27 États membres ont trouvé mercredi matin un accord sur la réforme du système migratoire européen. Le texte est salué par des responsables européens, mais vivement critiqué par les défenseurs des droits humains. InfoMigrants revient sur les principales mesures, qui seront soumises aux États membres et au Parlement européen, avant sa ratification définitive. (...)
L’Allemagne, la France, l’Espagne, la Grèce et les Pays-Bas se sont aussi félicités, tout comme l’Italie, pour qui la réforme permet aux pays en première ligne aux frontières de l’UE de ne "plus se sentir seuls". À l’inverse, la Hongrie a rejeté "avec force" le texte.
La réforme suscite toutefois les critiques des organisations de défense des droits humains. Une cinquantaine d’entre elles s’étaient inquiétées lundi de la voir déboucher sur "un système mal conçu, coûteux et cruel". Caritas a jugé qu’elle limitait "l’accès à l’asile et les droits de ceux qui sont en quête de protection". (...)
L’eurodéputé français Damien Carême (Verts) a, pour sa part, dénoncé un pacte "qui fait honte aux plus belles valeurs de l’Europe". "On ressort avec un texte qui est pire que la situation actuelle (...). On va financer des murs, des barbelés, des systèmes de protection partout en Europe", a-t-il déclaré sur X (ex-Twitter).
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L’accord politique obtenu sur les cinq textes de cette réforme devra encore être officiellement approuvé par le Conseil (États membres) et le Parlement européens. L’objectif est une adoption finale avant les élections européennes de juin 2024.
InfoMigrants détaille les principales mesures du texte.
1/ Mécanisme de solidarité
La réforme conserve la règle actuellement en vigueur selon laquelle le premier pays d’entrée dans l’UE (souvent la Grèce, l’Espagne ou l’Italie) d’un demandeur d’asile est responsable de son dossier, mais prévoit quelques aménagements. (...)
2/ Gestion des "crises"
Un autre texte a été validée : un règlement sur les situations de crise et de force majeure, destinée à organiser une réponse en cas d’afflux massif de migrants dans un État de l’UE, comme ce fut le cas en 2015-2016. (...)
3/ Filtrage aux frontières de l’UE
La réforme prévoit aussi un "filtrage" des migrants à leur arrivée aux frontières de l’UE (contrôle d’identité, contrôles sécuritaires et sanitaires, relevé d’empreintes) et une "procédure à la frontière" pour ceux qui sont statistiquement les moins susceptibles d’obtenir l’asile.
Concrètement, ils seront retenus dans des centres pour pouvoir être renvoyés plus rapidement vers leur pays d’origine ou de transit.
Ce filtrage concernera également les personnes sauvées en mer, ou interpellées sur le territoire européen après avoir échappé aux contrôles aux frontières extérieures. (...)