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Après le naufrage mortel dans la Manche : "Le plus terrible, c’est qu’on sait que ça va se reproduire"
#migrants #immigration #Manche #naufrages
Article mis en ligne le 17 juillet 2024

Face à la mort de quatre exilés tentant de rejoindre l’Angleterre par la Manche, vendredi dernier, les associations et de nombreux citoyens du littoral calaisien refusent la fatalité d’une frontière "qui tue" et continuent d’appeler à un changement de politique pour répondre à la crise humanitaire qui se déroule, chaque jour, sous leurs yeux.

Wudase, une Érythréenne de 24 ans. Abdulah, un Afghan de 15 ans. Sara, une Irakienne de 7 ans. Des dizaines de noms recouvrent une feuille déroulée, samedi 13 juillet, sur les pavés du parc Richelieu à Calais devant plus de 200 personnes. La liste, non-exhaustive, des corps retrouvés depuis 1999 à la frontière franco-britannique, où de nombreux migrants ayant fui la guerre ou la famine cherchent un refuge sur leur parcours d’exil. Quatre d’entre eux ont péri en mer le 12 juillet à l’aube, au large du cap Gris-Nez, dans une embarcation dégonflée qui tentait de rejoindre l’Angleterre. En l’absence de leurs noms, pour l’heure inconnus, c’est la date de leur mort qui a été ajoutée au feutre sur l’inventaire.

Celui-ci a été déployé par des citoyens œuvrant auprès des migrants dans le nord de la France, qui invitent sans relâche au même rassemblement dès l’annonce du décès d’un exilé. "Ces corps avaient un rêve, ils étaient en mouvement", a rappelé Marianne, l’une des organisatrices du rassemblement. "Ce ne sont pas des funérailles, ni une cérémonie religieuse, mais un moment de visibilité pour ces gens qui sont partis. C’est leur vie qui était spectaculaire, pas leur mort." (...)

"Le plus terrible, c’est qu’on sait que ça va se reproduire. La côte anglaise semble tellement proche de chez nous. Il reste 35 km à ces gens, qui en ont déjà parcouru bien plus. Mais cette mer est dangereuse. Il faut la connaître." (...)

"Quand on aide ces personnes dans le Calaisis, on peut rapidement être taxé de délinquant, de passeur ou de ’’no border’’ [un réseau transnational défendant l’abolition des frontières, ndlr]. Je n’ai pas honte de dire que je suis une ’no border’. Et je suis contente quand ces gens réussissent leur traversée. Ils sont au moins arrivés de l’autre côté, même si ce n’est pas la panacée".

"La répression catalyse la prise de risque" (...)

Une politique dénoncée avec constance par l’association Utopia 56 : "La préfecture du Nord a annoncé qu’elle renforcerait la présence policière sur le littoral, cet été. Mais cette surveillance, qui s’étale aujourd’hui de Boulogne-sur-Mer à Dunkerque, n’a pas empêché le nombre de traversées en mer d’augmenter de 18% entre le premier semestre de cette année et la même période en 2023, selon le gouvernement anglais", note Célestin Pichaud, coordinateur de l’association. "Par contre, nous observons que cette politique de répression catalyse les risques pris par les personnes en exil : elles partent de plus loin et de manière plus précipitée". (...)

Les bénévoles de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) sortent de l’eau "des centaines de migrants chaque année", rappelle l’un de ses membres, qui a souhaité garder l’anonymat. Selon lui, "l’État français joue son rôle en surveillant par bateau, chaque jour, le second détroit le plus fréquenté au monde". Même si des "décisions capitales" restent à trouver entre les pays concernés, pour "freiner, voir éradiquer ces traversées périlleuses". (...)