
Sur le réseau social Bluesky, des centaines de témoignages d’internautes ayant subi des violences à école apparaissent, parfois sous le hashtag #MeToo scolaire.
(...) « C’est l’heure d’un #MeToo scolaire je pense ». Depuis les révélations et témoignages de violences à Bétharram, établissement scolaire du Béarn fréquenté par plusieurs enfants de François Bayrou, des voix émergent pour dénoncer les violences verbales, physiques ou sexuelles de la part d’enseignants, dans le privé et dans le public.
Sur le réseau Bluesky, une utilisatrice anonyme partage son histoire. « Dans mon collège il était de notoriété publique que la proviseure frappait les élèves. En tout cas les élèves venant de familles “défavorisées”. Elle ne s’en cachait pas. Elle se baladait avec un journal roulé avec lequel elle mettait des coups, au quotidien », raconte-t-elle, citant aussi des « gifles ». Un témoignage qui en a engendré d’autres. Depuis quelques jours, notamment sur le réseau social Bluesky, des centaines d’internautes partagent ce qu’ils ont subi, allant de l’humiliation à la violence physique et/ou sexuelle.
« Et là il frappe, très, très, très fort. » (...)
Des violences qui ne se limitent pas aux établissements privés. « Là où il a des enfants, il y a de la violence, rappelle-t-elle. Les enseignants, c’est leur métier, mais cela reste des êtres humains qui vivent dans une société où la violence est encore banalisée et intégrée. Les générations précédentes ont été éduquées comme ça. C’est très difficile d’envisager d’autres manières de faire. »
« Une imitation crade pour m’humilier »
Sur le réseau social, plusieurs centaines de témoignages dénoncent aussi le comportement de professeurs encourageant du harcèlement scolaire. Une utilisatrice raconte comment sa professeure principale de 5e demandait aux élèves d’« écrire sur une feuille ce qu’iels détestaient chez moi et l’avait fait lire après devant toute la classe ».
Une autre évoque son professeur de sciences physiques, qui « faisait une imitation crade d’handicapé mental pour m’humilier à chaque fois que je prenais la parole dans sa classe (sous les rires de mes camarades qui me harcelaient eux aussi quotidiennement) ». (...)
Si les dates de ces actes présumés ne sont pas indiquées, la multiplication des témoignages en indique la fréquence et l’importance. (...)
insultes racistes et antisémites… Et l’inaction de l’institution scolaire. (...)
Des enseignants qui vivent, eux aussi, dans « une société adultiste »
Pour Claire Bourdille, du Collectif Enfantiste, « tout le monde est au courant de ce qui se passe à l’école, puisqu’on l’a tous vécu ». Elle note aussi que les conditions de travail dégradées des enseignants sont un facteur supplémentaire de l’apparition des violences. « Il y a de plus en plus d’enseignants sensibilisés à la question. Mais ce n’est pas quelque chose qui est pensé dans leur formation, souligne-t-elle. Ils sont débordés et en sous-effectifs. Les enseignants, c’est leur métier, mais cela reste des êtres humains qui vivent dans une société adultiste, où on ne se met pas à hauteur d’enfant. » (...)
Une banalisation de la violence (...)
alors qu’elle décide, accompagnée de camarades, d’aller dénoncer ces agissements au proviseur de l’établissement, elle fait face à un mur : « Une leçon de morale (c’est très grave de lancer et propager des rumeurs) et des menaces (le prof de musique était en droit de se retourner contre nous). »
Pour Claire Bourdille, c’est l’ensemble du discours médiatique qui est à revoir. « Quand le gouvernement parle d’autorité et de répression sur les jeunes mineurs, alors qu’il y a beaucoup plus de violences faites aux enfants que d’enfants violents, ça ne va pas, dénonce-t-elle. Comme quand on entend des phrases comme “Je leur mets deux claques et au lit”. C’est une banalisation de la violence, est c’est grave. » (...)