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Après 4 000 km de traversée, sept migrants sri-lankais expulsés de La Réunion
#migrants #la Réunion #SriLanka
Article mis en ligne le 17 décembre 2023
dernière modification le 16 décembre 2023

Sept exilés seront rapatriés d’ici quelques jours au Sri Lanka, a statué le tribunal administratif. Leurs "motivations économiques" n’ont pas convaincu les autorités. Ces expulsions rapides sont rendues possible par un accord de réadmission signé en 2002 entre l’Union européenne et le Sri Lanka.

À peine ont-ils foulé le sol réunionnais qu’ils doivent déjà le quitter. Mercredi 13 décembre, le tribunal administratif de Saint-Denis, capitale de l’île, a validé l’expulsion du territoire de sept migrants sri-lankais. Le petit groupe et leurs avocats contestaient devant la justice le refus d’entrée sur le territoire rendue par la préfecture, peu après leur arrivée le 7 décembre.

Les exilés, âgés de 21 à 38 ans, seront donc finalement renvoyés dans leur pays d’ici quelques jours.

"Pour justifier de la décision de refus d’entrée sur le territoire français, la préfecture défend que les migrants n’avancent que des motivations économiques, puisqu’ils expliquent fuir la misère de leur pays", affirme Réunion La Première. Les avocats des sept Sri-Lankais ont pourtant également fait état des persécutions subies par leurs clients de la part du pouvoir en place dans leur pays, ainsi que des menaces de morts qui pèseraient contre eux en cas de retour. Des arguments qui n’ont pas convaincu les magistrats.

Un appel de la décision reste possible, mais n’étant pas suspensif, il interviendrait après le retour des migrants au Sri Lanka. "Leurs avocats ont ainsi décidé de ne pas se lancer dans une procédure qui s’avèrerait inutile et porteuse de faux espoirs", écrit le média. (...)

les autorités de La Réunion ont régulièrement été pointé du doigt pour leur prise en charge des exilés, et l’application de leurs droits. (...)

"Je n’ai pas compris les questions que l’on me posait", avait témoigné l’un des cinq hommes, cité par le média Zinfos974. C’est pourtant suite à cet entretien que l’Office leur avait refusé l’entrée sur le territoire français.

Lors de ces entretiens, les avocats des exilés avaient aussi constaté une violation de la confidentialité des échanges. Cinq jours après leur arrivée, les migrants ont en effet eu un entretien avec un agent de l’ambassade du Sri Lanka. Or, ils croyaient s’adresser à un interprète. "Ils ont donné les coordonnées de leur famille et ont expliqué pourquoi ils avaient fui", raconte encore Zinfos 974. Conséquence : "après cette discussion avec un agent de l’Ambassade du Sri Lanka, leurs familles ont été visitées par les autorités sur place et ont dû fuir par peur de la rétorsion", déplorait Me Xavier Belliard, l’un des avocats.
Inflation de la nourriture à 90,9%

Parmi les raisons qui poussent ces personnes à traverser l’océan Indien dans un vétuste bateau de pêche : l’effondrement de l’économie sri-lankaise. "La population souffre de graves pénuries alimentaires et se bat pour avoir accès aux soins de santé, tandis que l’inflation galopante exacerbe les inégalités existantes", explique dans un rapport publié en octobre 2022 Sanhita Ambast, chercheuse sur les droits économiques, sociaux et culturels à Amnesty international.

D’après le Programme alimentaire mondial (PAM), en juillet 2022, l’inflation de la nourriture a bondi de 90,9% au Sri Lanka (...)

S’ajoute aussi un climat politique délétère, qui contraint là encore ses citoyens à envisager l’exil.
(...)

Ils ont fui la prison, la torture, voire, pour quelques-uns, la mort. Ce sont les mêmes menaces qui les attendent à leur retour."