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Allié des agriculteurs, le renard est pourtant abattu. Arrêtons le massacre !
#agriculture #renards #chasse
Article mis en ligne le 11 mai 2024
dernière modification le 8 mai 2024

Le renard est classé nuisible et peut donc être abattu sans autre forme de procès par les chasseurs. Pourtant, en régulant les populations de rongeurs, il économiserait 2.400 euros de dégâts par an aux agriculteurs, explique l’auteur de cette tribune.

(...) Mais voilà, notre renard roux a beau appartenir à une communauté d’auxiliaires sur laquelle l’agriculteur peut s’appuyer pour produire une alimentation plus saine et écologique, les parlementaires en ont décidé autrement, confiant aux chasseurs le soin de s’en débarrasser. (...)

Alors pourquoi le renard, l’un des animaux sauvages préféré des Français, est-il autant détesté du gouvernement, des parlementaires, et de leurs bras droits, les chasseurs ? Au point de l’avoir classé nuisible. Nuisible pour la société.

Incompréhensible à l’heure où l’État cherche à faire des économies, un renard pouvant rapporter gros à la société, très gros, jusqu’à 2.400 euros par tête de pipe ! Explication.
Le rat taupier mange jusqu’à 50 kg de végétaux par an (...)

en agriculture, les animaux végétariens se nourrissent des cultures quand les animaux carnivores ou omnivores se nourrissent de leurs collègues végétariens... Et, à la louche, un végétarien consomme entre 50 et 100 % de son poids tous les jours. Plus il pèse lourd, plus il consomme, à l’exemple du campagnol terrestre, autrement appelé rat taupier, Arvicola terrestris, un petit rat végétarien qui mange jusqu’à 50 kg de végétaux par an…

On saisit immédiatement l’impact sur les rendements, d’autant que notre petit rat a également un bel appétit sexuel avec un taux de reproduction de 1 à 50, un couple pouvant mettre au monde plus de 100 individus par an… Qui, eux-mêmes, peuvent faire naître 5.000 nouvelles têtes l’année suivante. Et ainsi de suite. On imagine donc aisément les potentiels dégâts occasionnés aux cultures si les populations ne sont pas régulées par une communauté de prédateurs qui, dans les grandes lignes, va de la couleuvre au rapace via le renard. (...)

En métropole, sur les treize espèces de campagnol recensées, trois s’intéressent particulièrement aux cultures et une est protégée. Cette dernière est aquatique et elle ne s’attaque pas aux cultures.
Chaque année, un renard consomme en moyenne 3.000 petits rongeurs

Avec ses déserts verts où rien ne pousse en dehors des variétés cultivées, l’agriculture moderne favorise ces communautés végétariennes au détriment des communautés qui s’en nourrissent. Par l’absence de diversités végétales, de haies, de bois ou de forêts, la monoculture donne ainsi un avantage considérable aux rongeurs. Idem pour les couvertures végétales permanentes ou l’absence de labour, des techniques d’agriculture durable.

La radicalité du climat concentre également tous les problèmes, comme cette année, où la prédation sur les cultures a été amplifiée avec la sécheresse. En effet, tous les animaux aiment et recherchent le sucre dans la nature (même les vers de terre), et les cultures sont des milieux très riches en douceurs. Au mois de septembre dernier, nous avons même trouvé des campagnols en haut des troncs de maïs doux, en train de dévorer les fusées…

Alors, en l’absence d’une communauté de prédateurs suffisante, quelles sont les solutions à disposition de l’agriculteur pour ne pas mettre en péril ses récoltes ? (...)

À partir de données scientifiques liées à leurs contenus stomacaux, le docteur Blackbourn a déterminé que 80 % de l’alimentation des renards était constituée de petits rongeurs. 145 kg, soit 3.000 têtes, parfois le double ou le triple selon les circonstances écologiques, c’est la consommation moyenne d’un renard sur les 180 kg de nourriture qu’il ingurgite tous les ans.

Et outre l’économie de temps et d’argent, le service agronomique rendu par un renard à l’agriculteur peut être estimé à 2.400 euros. 2.400 euros de dégâts économisés. Du beau travail. Tout ça en échange de quelques poules… je plaisante. (...)

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