
Les difficultés des demandeurs d’asile à accéder aux soins de santé mentale accroissent leurs "vulnérabilités" psychologiques déjà éprouvées par les guerres et l’exil, soulignent des experts après une nouvelle attaque meurtrière en Allemagne. Les crimes ont été commis par un Afghan souffrant de troubles psychiatriques.
Déjà traumatisés par des années d’exil, les migrants peuvent développer dans les pays d’accueil d’autres angoisses liées à leur conditions de vie.
Hébergés dans des centres de premier accueil, puis transférés vers d’autres établissements, les migrants sont aux prises avec des démarches qui impliquent plusieurs échelons administratifs, dans une Allemagne décentralisée.
Logés dans des dortoirs sans "espace privé" ni "intimité" pendant de longs mois, ils n’ont souvent pas l’autorisation de contracter un emploi qui pourrait "structurer leur vie", souligne Ulrich Wagner. Ils passent leur journée dans leur chambre, ne pratiquent aucune activité et n’entretiennent de fait que très peu d’interactions sociales. (...)
Fin 2023, le gouvernement central et les Länder s’étaient pourtant engagés à ce que les procédures d’examens ne dépassent plus six mois, appel compris, alors qu’en réalité, elles se comptent actuellement en années.
Ces conditions "extrêmement stressantes" peuvent "causer des dommages psychologiques" sur des migrants déjà "vulnérables", affirme Ulrich Wagner. "Et peut-être aussi que ces procédures difficiles, toute cette bureaucratie et ce chômage, conduisent à la frustration" .
La médiatisation des précédentes attaques peut aussi conduire à un "processus d’imitation", ajoute-t-il, en amenant des personnes fragiles "à l’idée qu’eux aussi pourraient faire quelque chose de semblable". (...)
Les réfugiés traumatisés "n’ont pratiquement pas accès aux lieux de thérapie ambulatoire", alors qu’ils "représentent un danger" s’ils ne sont pas soignés, a admis cette semaine le ministre de la Santé, Karl Lauterbach, dans un entretien aux médias du groupe Funke. Il a dit vouloir créer des structures psycho-médicales spécifiques.
Or, l’un des principaux problèmes des centres psychosociaux dédiés aux réfugiés est "leur financement insuffisant et instable", regrette le BAFf, qui note que les contrats à durée déterminée rendent difficile la fidélisation des professionnels à long terme.
Pas vraiment la priorité des conservateurs qui ont promis cette semaine un virage radical de la politique migratoire, quitte à s’affranchir des règles européennes.
Les réfugiés traumatisés "n’ont pratiquement pas accès aux lieux de thérapie ambulatoire" (...)