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Mouvement du Nid
Affaires porno : L’électrochoc
#porno #prostitution #violencessexuelles
Article mis en ligne le 27 mai 2024
dernière modification le 24 mai 2024

La justice s’attaque à la prostitution filmée

Un procès historique en termes de violences sexistes et sexuelles dans le milieu de la pornographie devrait avoir lieu en France au début de l’année 2025. Pour la première fois, sont dénoncées à grande échelle les violences subies par les actrices sur les tournages pornographiques. Deux affaires en cours – dites French Bukkake et Jacquie et Michel – pourraient (on l’espère !) être un électrochoc dans une société incroyablement complaisante vis-à-vis d’actes sexuels tarifés, jusqu’ici blanchis par la magie de la caméra.

Dans ce dossier, nous faisons le point sur cet électrochoc, les espoirs et les inquiétudes qu’il soulève.

La porosité entre les univers pornographique et prostitutionnel apparaît au- jourd’hui clairement, confirmant ce que se tue à répéter le Mouvement du Nid, qui préfère au terme « pornographie » celui de « prostitution filmée » et qui soutient les nombreuses victimes qui ont eu le courage de témoigner et de se porter parties civiles dans les procès en cours. Jeunes, souvent polytraumatisées, leur parole est aujourd’hui d’une importance capitale et s’inscrit dans un contexte général plus favorable à l’écoute.

Tout indique que l’industrie du porno est intrinsèquement prostitutionnelle. C’est un système régi par un mode opératoire proxénète, dont le moteur est la violence, sexiste et sexuelle. Misogynie, racisme, incitation aux fantasmes pédocriminels, incestes, tortures, séquestrations, de pareils contenus seraient inacceptables sur tout autre support. La violence, érotisée, normalisée, constitue l’essence même de cette industrie, mais jusqu’ici en toute impunité. (...)

Lire aussi :

 (Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes)
Rapport - PORNOCRIMINALITE : mettons fin à l’impunité de l’industrie pornographique !

Après plus d’un an et demi de travail, le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes publie un rapport d’envergure sur les violences faites aux femmes dans l’industrie pornographique et dresse un constat sans appel sur les illégalités qu’elle commet.

Les chiffres sont clairs : 90% des contenus pornographiques présentent des actes non simulés de violences physiques, sexuelles ou verbales envers les femmes. Dans ces millions de vidéos, les femmes, caricaturées des pires stéréotypes sexistes et racistes, sont humiliées, objectifiées, déshumanisées, violentées, torturées, subissant des traitements contraires à la dignité humaine et… à la loi française. En effet, ces contenus violents répondent pour certains à la définition juridique d’actes de torture et de barbarie. Les femmes sont réelles, les actes sexuels et de violences sont réels, et la souffrance est souvent parfaitement visible et en même temps érotisée. La pornographie n’est pas du cinéma.

Culture du viol, déshumanisation des femmes, apologie de l’inceste, racisme, pédocriminalité, LGBTphobies… La pornographie est à l’intersection de toutes les haines et s’inscrit dans le continuum des violences.

De la production à la diffusion de vidéos pornographiques, c’est un véritable système d’exploitation sexuelle à l’échelle industrielle qui s’est mis en place. En France, plusieurs procédures judiciaires sont en cours avec des dizaines de producteurs mis en examen pour « viols en réunion », « traite aggravée d’êtres humains », « proxénétisme aggravé » ou même « viol avec acte de torture et de barbarie ». Aux États-Unis, des procès se préparent aussi contre Pornhub, accusé de trafic sexuel et pédocriminalité. Ces procès, espérons-le, seront exemplaires, contre une industrie qui prospère sur la haine et la violence misogyne, dans l’indifférence générale et l’impunité la plus totale.

Le HCE a réalisé un test inédit de Pharos, plateforme gouvernementale de signalement des contenus illicites sur internet. Sur 35 vidéos signalées par le HCE entre le 2 et le 7 juin 2023, aucun des contenus à l’illégalité flagrante n’a disparu. Zéro résultat.

En juin dernier, le HCE alertait déjà sur la prolifération de ces millions de vidéos pornographiques diffusant des actes pénalement répréhensibles d’une violence souvent insoutenable.

Grâce à une sémantique trompeuse (« liberté d’expression », « libération sexuelle », « liberté artistique ») et un lobbying intense, l’industrie pornographique organise son impunité et le déni sociétal qui paralyse aujourd’hui les autorités censées agir. Les défaillances sont lourdes et enfreignent les principes du droit français comme international. (...)