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Affaire Pelicot : la remise en question des hommes ?
#Mazan #viols #GiselePenicot #femmes #cultureduviol #feministes
Article mis en ligne le 25 janvier 2025
dernière modification le 23 janvier 2025

"Il y a des hommes qui auraient pu être mon frère, mon pote, mon père. Et je me dis, mais comment on peut sortir de là comme si de rien n’était, comme si on avait éprouvé du plaisir ? Comment on peut trouver du plaisir à manipuler, à exploiter un corps féminin ?" s’interroge Benoît. Comme cinq autres hommes ce soir-là, il participe à un "Carré de bons hommes", un cercle d’écoute et de parole entièrement masculin. L’objectif : créer un espace où les hommes peuvent échanger sainement sur des sujets comme la sexualité, l’amitié masculine, les relations hommes-femmes, à contrepied des clichés autour de la masculinité.

"L’idée, c’est de proposer une nouvelle dynamique d’interaction entre hommes qui sortent du modèle classique dans lequel on est baigné, qui est plutôt de la compétition, de la comparaison, du positionnement social... et d’aller plus vers de la maturité, de l’écoute, de s’élever émotionnellement, humainement et d’avoir la possibilité d’échanger de manière à être écouté et à apprendre à écouter" explique Piotr Banasiak, coach professionnel et sociologue, qui organise ces rencontres.

Prévenir les violences sexistes et sexuelles

Ces cercles ont également un but de prévention et de lutte contre le sexisme et incitent les hommes à s’éduquer sur les violences sexuelles, notamment à travers un travail d’introspection, où les participants explorent la dimension systémique de leurs comportements.

"Qu’est ce qui m’a fait découvrir que sur le consentement, je n’avais pas fait tout le boulot ? C’est la première fois que j’ai une relation un peu suivie avec quelqu’un. C’est là que je me suis rendu compte que j’étais capable de mettre la pression à cette fille dont j’étais très amoureux, qui avait moins envie que moi. J’étais capable de lui mettre la pression parce que je ne comprenais pas qu’à partir du moment où elle me donnait son consentement une fois, il fallait lui redemander à chaque fois, ça m’était totalement étranger. Et en fait, ce n’est pas moi qui lui mettais cette pression. C’est une pression sociale que j’appliquais dans notre couple, qui était que, on était en couple, on était amoureux, il fallait qu’on baise. Et à partir du moment où j’ai cessé de parler de mes relations sentimentales à mes amis masculins, je me suis senti totalement libéré de toute pression", confie Sébastien aux autres participants. (...)

"Les masculinistes peuvent avoir tendance à toucher un peu plus les jeunes qui se sentent un peu perdus face à plusieurs modèles, au modèle finalement de déconstruction totale de l’homme dans lequel ils ont du mal à se reconnaître, où ils se sentent culpabilisés et sur un autre plan, certains masculinistes ont même fait des programmes pour devenir un homme", explique le psychologue Sébastien Garnero. (...)

La perception des violences sexuelles tendrait également à se normaliser chez les jeunes. Selon la dernière étude de Sidaction, 1 jeune de 18-24 ans sur trois considère que forcer sa partenaire à avoir un rapport sexuel alors qu’elle résiste n’est pas un viol. Ce constat montre l’importance de l’éducation sexuelle chez les jeunes. Or en France, moins de 15 % des élèves bénéficient des trois séances obligatoires d’éducation à la sexualité durant leur scolarité.