Alors que le procès de l’affaire des assistants parlementaires européens du RN s’ouvre le 30 septembre, un journaliste de « Libération » affirme que de fausses preuves de travail ont été fabriquées a posteriori pour justifier de l’activité d’assistant de l’actuel président du parti. Celui-ci dénonce de « fausses » accusations.
En 2015, alors âgé de 19 ans, Jordan Bardella fut l’assistant parlementaire local de l’eurodéputé Jean-François Jalkh. Un contrat éclair (quatre mois et demi) et à mi-temps, pour un salaire de 1 200 euros net par mois.
Si son nom apparaît bien dans la procédure judiciaire ouverte en 2015 sur des soupçons d’emplois fictifs du RN au Parlement européen, Jordan Bardella n’a été ni mis en cause ni même auditionné. Il n’a pas non plus été inquiété par l’Office européen de lutte antifraude (Olaf), le gendarme de l’Union européenne, qui a épinglé plusieurs eurodéputé·es RN pour leur usage des fonds européens.
Dans le dossier judiciaire, qui vaut un renvoi pour détournements de fonds publics au RN et à vingt-sept personnes, dont Marine Le Pen, les magistrats français soupçonnent le parti d’extrême droite d’avoir mis en place un « système de détournement » des crédits européens alloués à chaque député pour embaucher des assistants parlementaires. Ceux-ci sont accusés d’avoir en réalité travaillé pour le Front national (FN), permettant au parti de réaliser des économies considérables – 6,8 millions d’euros selon le Parlement européen. (...)
Plusieurs documents ont été produits pour prouver le travail du jeune assistant auprès de Jean-François Jalkh : des revues de presse avec des annotations manuscrites (« politique locale », « divers », « société », etc.) et un agenda 2015 blanc et bleu attribué à Bardella, sur lequel sont consignés des événements liés au mandat de son eurodéputé, des dates de réunions plénières, des déplacements à Bruxelles. Ces éléments, et le fait que son contrat à mi-temps lui permettait d’occuper une autre fonction, semblent avoir convaincu la justice.
Mais dans son livre La Machine à gagner (Seuil), à paraître le 13 septembre, le journaliste de Libération Tristan Berteloot affirme que ces preuves auraient été fabriquées a posteriori, fin 2017, pour protéger Jordan Bardella, devenu cette année-là porte-parole du RN et s’apprêtant à intégrer le bureau national du parti.
Le « montage du dossier de Jordan Bardella »
Le journaliste s’appuie sur une discussion sur l’application Messenger entre d’anciens membres du Front national, en 2018. Un certain Paul D., présenté par Libération comme un ancien stagiaire de Jean-François Jalkh, aurait affirmé dans ces échanges avoir « créé des faux dossiers pour des assistants qui n’ont jamais travaillé pour le Parlement européen ». C’est l’avocat belge Ghislain Dubois, alors assistant parlementaire de Jalkh et responsable de la riposte du Front national dans cette affaire, qui l’aurait chargé, pendant son stage, du « montage du dossier de Jordan Bardella », selon notre confrère. (...)
dans La Tribune Dimanche, Marine Le Pen a fustigé une procédure « profondément injuste » et s’est dite « très sûre » de leur « innocence » : « J’ai la faiblesse de penser que je serai relaxée, comme l’ensemble de mes collègues députés. »