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Accord franco-britannique : des exilés avec de la famille au Royaume-Uni et des victimes de traite parmi les expulsés
#RoyaumeUni #France #Manche #migrants #immigration #HRW #UE
Article mis en ligne le 27 octobre 2025
dernière modification le 25 octobre 2025

Un rapport britannique publié jeudi dénonce les conditions d’exécution de l’accord franco-britannique "un pour un". Après avoir rencontré 12 exilés renvoyés en France par le Royaume-Uni, l’association Humans for rights network fait état de "personnes vulnérables" éloignées, de manque d’accès à une assistance juridique ou encore de "conditions d’hébergement préjudiciables en France".

C’est lors d’un déplacement en France les 13 et 14 novembre que les membres de l’association Humans for rights network (HFRN) ont pu rencontrer 12 migrants renvoyés en France par le Royaume-Uni dans le cadre de l’accord "un pour un". Après s’être entretenu avec les exilés, elle a publié un rapport ce jeudi critiquant plusieurs points dans la mise en exécution de l’accord franco-britannique.

Premièrement, c’est dès le départ, au Royaume-Uni, que l’association juge le dispositif. Selon elle, des "personnes vulnérables" ont été expulsées vers la France. Le rapport évoque notamment des potentielles victimes de traite ou de torture. "Quatre hommes (dont deux ayant également subi des actes de torture) ont signalé des cas d’esclavage moderne : deux en Libye, un en Éthiopie et un au Yémen", indique l’association.

D’autre part, le HFRN a identifié "au moins trois cas" de personnes ayant des liens familiaux au Royaume-Uni. Un argument censé fortement peser dans la balance lors de la sélection des exilés concernés par l’accord. Deux migrants avaient dans le pays des sœurs et un autre, une tante. "Ces hommes n’ont pas pu bénéficier d’une assistance juridique pour faire valoir leurs droits concernant ce lien familial avec le Royaume-Uni", ajoute le rapport.

"Chacun des 12 hommes avec lesquels nous avons discuté présentent des faits importants indiquant que leur expulsion n’aurait jamais dû avoir lieu", considère l’association.
Conditions d’accueil "préoccupantes"

Et une fois expulsé vers la France, les conditions d’accueil dans une "grande tente chapiteau" près de voies ferrées sont "préoccupantes", jugent les auteurs. Selon les témoignages recueillis par l’association, "aucun soin médical n’est prodigué". "Ces personnes ont subi de graves atteintes à leur santé mentale et des violences physiques", "deux hommes souffrent de dépression sévère et un troisième signale des idées suicidaires" mais "aucun soin médical n’est prodigué pour les aider à se rétablir ou à gérer leurs problèmes de santé".

"Aucune information sur la procédure d’asile n’est fournie aux personnes détenues en France", ajoutent les auteurs qui regrettent aussi que "les informations limitées fournies sont uniquement disponibles en français ou en anglais" et "qu’aucun interprète n’est mis à disposition". (...)

Ainsi, de nombreux exilés ne comprennent pas leur situation. "Nombre d’entre nous ont été menacés d’expulsion vers d’autres pays de l’UE parce que nos empreintes digitales y avaient été relevées. Certains, effrayés par cette situation, ont quitté leur logement et dorment dans la rue", a déclaré un migrant, transféré à Marseille avec un groupe de 11 personnes, au Guardian.

L’asile, le retour volontaire ou l’OQTF

Une fois expulsé par le Royaume-Uni, les exilés n’ont que peu de choix. "Ils seront en premier lieu incités à accepter l’aide au retour volontaire", expliquait à InfoMigrants, Didier Leschi, le directeur générale de l’Ofii.

Il sera aussi possible de déposer l’asile mais pour cela "encore faut-il pouvoir y prétendre", ajoute-t-il. D’autres pourront être expulsés vers le pays par lequel ils sont entrés dans l’Union européenne (UE) s’ils sont concernés par le règlement Dublin. (...)