
Une archive déclassifiée, révélée par « Libération », atteste que le Vatican était au courant des accusations de violences sexuelles visant le prêtre depuis au moins 1959.
Confusion au sommet de l’Église catholique. À son retour d’un voyage en Asie vendredi 13 septembre, le pape François affirmait que le Vatican avait eu connaissance des accusations de violences sexuelles visant l’abbé Pierre « après [s]a mort », survenue en 2007.
Mais une archive déclassifiée de l’épiscopat français, révélée par Libération ce mardi 17 septembre, atteste que le comportement problématique du fondateur d’Emmaüs était en réalité remonté jusqu’au Vatican depuis au moins 1959. Soit plus d’un demi-siècle avant le décès de l’abbé Pierre.
Signalements d’évêques canadiens dès 1959 (...)
la question du comportent de l’abbé Pierre envers les femmes « devient très prégnante à partir de 1957 », d’après les documents consultés par Libération. Le quotidien soutient que le prêtre aurait même été sanctionné à plusieurs reprises.
Les propos ambigus du pape François vendredi avaient été critiqués par Anne Soupa, la présidente du Comité de la Jupe, association féministe et catholique, jugeant qu’ils « écrasaient tous les efforts de l’Égalise en France ». « L’Église n’a pas eu la bonne attitude » et aujourd’hui « est perdue dans cette affaire, elle ne sait où aller », avait-elle déclaré à l’AFP lundi.
Dans une tribune publiée dans le Monde après les propos du pape, Éric de Moulins-Beaufort, qui évoquait ces dernières semaines une connaissance de certains évêques, s’est, lui, montré plus précis lundi : « il est désormais établi que, dès 1955-1957, quelques évêques au moins ont su que l’Abbé Pierre avait un comportement grave à l’égard des femmes ». Le président de la Conférence des évêques de France y invitait aussi le Vatican à « une étude de ses archives », et qu’il « dise ce que le Saint-Siège a su et quand il l’a su »