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Libération
A69 : le gouvernement va demander la reprise du chantier, en attendant la décision de la justice en appel
#A69 #Atosca #resistances #droit #gouvernement
Article mis en ligne le 9 mars 2025

Le ministre des Transports a annoncé ce vendredi 7 mars que le gouvernement demande un sursis à exécution pour permettre au chantier de l’autoroute entre Toulouse et Castres de reprendre, dans l’attente de la procédure d’appel.

Philippe Tabarot se dit « déterminé » à mener ce projet à bien. L’appel « sera déposé dans les jours qui viennent, on travaille sur un mémoire pour faire appel, et surtout pour demander un sursis à exécution », a-t-il détaillé, jugeant que l’arrêt du chantier provoquait une « catastrophe concrète et immédiate sur un plan économique ».

Le 27 février, la justice administrative a mis un coup d’arrêt au colossal chantier de l’A69 Castres-Toulouse, en annulant son autorisation environnementale, une première pour une autoroute de cette envergure en France. La décision - inédite et historique - du tribunal administratif de Toulouse de rendre illégal le chantier de l’A69 avait été saluée par les défenseurs de l’environnement. (...)

Las. Le gouvernement a d’autres objectifs en tête. « Il y a 3 000 à 4 000 personnes qui sont indirectement concernées, qui sont des sous-traitants, qui avaient commandé du matériel, qui sont en cessation de paiement », a décrit le ministre. Pour lui, « c’est la crédibilité de l’État qui se joue aussi si demain ce chantier est arrêté », d’autant plus que « cela va faire jurisprudence sur l’ensemble du territoire national (...) c’est la fin des grands projets ». (...)

Ce dernier a souhaité vendredi que les développements judiciaires comme ceux de l’A69 « ne se reproduisent plus dans notre pays » et évoqué une réforme pour que « quand on a une déclaration d’utilité publique, on a une autorisation environnementale », cela puisse « tout aplatir, tout écraser », en référence à d’éventuels recours.

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 (Contre-Attaque)
A69 : l’État veut imposer une reprise du chantier malgré la décision de justice

Alors qu’ils s’étendent déjà sur des dizaines de kilomètres, les travaux ont été mis à l’arrêt. Le temps de la justice est plus lent que celui des bétonneurs et Atosca, l’entreprise qui construit l’A69, se vantait en novembre que « 100 % des terrassements aient démarré et 45% aient été réalisés ». L’entreprise ajoutait que 70% des ouvrages d’art prévus pour enjamber la future route sont déjà installés.

Ainsi, pour le gouvernement, pas question d’obéir à la décision de justice, et encore moins de s’arrêter en si bon chemin. Le Ministre des Transports annonce ce 7 mars à la radio qu’un appel « sera déposé dans les jours qui viennent » devant les tribunaux, et qu’il compte surtout « demander un sursis à exécution ». Concrètement, cela voudrait dire continuer le chantier le temps de la procédure d’appel qui peut durer des mois voire des années. Donc terminer l’autoroute malgré la décision du tribunal. (...)

C’était déjà la crainte dans le cadre de la lutte contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes il y a 15 ans : s’il avait fallu attendre que la justice invalide le projet, tout le bocage près de Nantes aurait été bétonné avant la fin des recours. C’est la lutte déterminé d’occupant-es, de paysan-nes et de personnes solidaires sur le terrain, derrière des barricades, qui a permis de sauver ce territoire.

Dès 2012, quand le gouvernement déployait des milliers de gendarmes pour détruire des maisons et des cabanes, c’était pour construire un barreau routier au plus vite. Une fois ce coûteux tronçon d’asphalte posé, il aurait été beaucoup plus compliqué d’empêcher le reste du projet. Il n’était donc pas question de laisser poser la première pierre du chantier. Et c’est l’échec de cette première opération d’expulsion, suivi d’années de combats, qui a permis d’obtenir un abandon pur et simple de l’aéroport. Mais en 2018.

Revenons à l’A69 : le Ministre des Transports estime que « c’est la crédibilité de l’État qui se joue si demain ce chantier est arrêté », d’autant plus que « cela va faire jurisprudence sur l’ensemble du territoire national (…) c’est la fin des grands projets ». Nous y sommes : l’État compte passer en force pour montrer l’exemple. Pas question de céder à la lutte écologiste, sinon il faudrait remettre en cause d’autres chantiers écocidaires. (...)

Nous sommes entrés dans une nouvelle période. Pendant longtemps, la bourgeoisie s’est réfugiée derrière la légitimité du « droit » et de la « démocratie » pour justifier ses mesures. Elle prônait la « négociation » avec les « partenaires sociaux », et se pliait aux décisions de justice. Nos dirigeants et leurs laquais se moquent désormais des institutions et du verdict des tribunaux quand ils ne leur conviennent pas. Bruno Retailleau appelle à en finir avec l’État de droit. Le syndicat policier Alliance veut liquider la justice quand elle met en examen un des leurs. Macron passe en force quand il perd une élection. Alors pourquoi s’embêter quand des juges suspendent un projet d’autoroute ?

Chaque jour qui passe nous rapproche de la dictature. La version cosmétique de la démocratie libérale est terminée. Place à la bourgeoisie ensauvagée qui s’assume de plus en plus, sur le sujet de l’A69 comme sur les autres.