Pour des postes à l’international, la Société générale propose à ses candidats de remplir un questionnaire sur leur genre, leur couleur de peau, leur sexualité et leur appartenance à un parti politique, révèle « le Canard enchaîné ». La banque avait été reconnue, en septembre dernier, coupable de « discrimination en raison de l’origine et du sexe » à l’encontre d’une salariée par la justice. L’employé de l’établissement bancaire à l’origine de la découverte a depuis été limogé.
En janvier dernier, un cadre de la Société générale, basé dans la région lyonnaise, découvre les méthodes de recrutement de son employeur à l’international. Fière de « participer à la lutte contre toutes les formes de discrimination », la banque n’hésite pourtant pas… à demander aux candidats de dévoiler leur orientation sexuelle, leur genre, leur couleur de peau ou encore leurs origines.
Pointé par le Canard enchaîné, dans son édition du mercredi 24 décembre, ce paradoxe s’illustre dans un questionnaire présent sur « socgen.taleo.net », la plateforme où la banque aux 120 000 salariés publie ses offres d’emploi, en interne comme en externe, pour un poste à l’étranger.
Des questions – facultatives, mais mises en avant dans l’onglet « Informations personnelles » – dont la visée interroge, alors que ce dossier conditionnera l’accès à un entretien d’embauche. De même, la Société générale se targue en parallèle de demander des CV sans photo, « conformément aux recommandations du Médiateur français des droits de l’homme ».
L’hebdomadaire montre par exemple que la banque demande aux candidats leur genre. Ces derniers ont alors le choix entre quatre réponses possibles : « homme », « femme », « non-binaire » ou « je préfère ne pas répondre ». De même pour celle-ci : « Vous identifiez-vous comme membre de la communauté LGBTQ + ? », dont les réponses proposées sont « oui », « non » et « je ne sais pas ».
« Précisez le nom de l’organisation »
Le Canard enchaîné révèle ensuite que la Société générale demande aux candidats à « quel groupe ethnique » ils s’identifient. (...)
La Société générale tente enfin de se renseigner sur l’engagement politique des candidats. Pour celles et ceux qui répondent positivement, la banque leur demande alors de « préciser le nom de l’organisation » comme « la place (occupée) » au sein de cette dernière.
Signal de la gêne créée par ce questionnaire au sein de la banque, le cadre à l’origine de la découverte a depuis été renvoyé. L’employé a procédé, en début d’année, à un signalement pour contenu « illégal et discriminant », auprès de la direction des ressources humaines du groupe. De fait, le règlement général sur la protection des données (RGPD) « invoqué par la banque elle-même » annonce que la collecte de données « relatives à l’origine, aux convictions ou à l’orientation sexuelle n’est pas autorisée ». (...)
« Lesté d’une liste de reproches et de fautes graves longue de dix pages, il a été limogé à la hussarde au cœur de l’été », révèle l’hebdomadaire. Son matériel professionnel – téléphone, ordinateur et badge – lui aurait même été retiré brusquement, juste avant qu’un supérieur le mette dehors « devant ses collègues et des clients médusés ». (...)
Discrimination à l’embauche : plus de la moitié des candidats racisés concernés
. La même banque a pourtant été condamnée, en septembre dernier, pour « discrimination en raison de l’origine et du sexe » et « harcèlement moral discriminatoire » à l’encontre d’une ex-salariée noire, par la cour d’appel de Paris, révélait Mediapart. (...)
Pour rappel, selon le 18e baromètre du Défenseur des droits et de l’Organisation internationale du travail (OIT), publié mercredi 10 décembre, plus de la moitié des candidats racisés – et notamment noirs, arabes ou maghrébins – annoncent avoir été discriminés lors de leurs candidatures. De même pour les personnes portant un signe religieux, 1,5 fois plus exposées que les autres. Enfin, 24 % des femmes interrogées révèlent avoir été discriminées pour leur situation familiale et les candidats issus de la communauté LGBTQIA + ont 1,9 fois plus de risque d’être discriminées que les hétérosexuels. (...)