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Mediapart
À l’ONU, la rage de Nétanyahou détruit les illusions françaises
#israel #palestine #Hamas #Cisjordanie #Gaza #genocide #famine #ONU #Macron
Article mis en ligne le 28 septembre 2025
dernière modification le 27 septembre 2025

Le dirigeant israélien s’est exprimé vendredi à New York, s’enfonçant dans sa logique génocidaire. En face, Paris exprime son désaccord avec des mots choisis, sans sanctions ni changement de ton. La résurgence d’un inconfort diplomatique ancien à l’égard de l’allié israélien.

À la tribune de l’Organisation des Nations unies (ONU), vendredi 26 septembre, Benyamin Nétanyahou n’a pas cité la France, mais il ne fallait pas être grand clerc pour comprendre à qui s’adressaient ses flèches. « Aux leaders occidentaux » qui ont reconnu la Palestine, le premier ministre israélien a lancé : « Le message que vous leur avez envoyé est très clair : tuer des juifs paie. Ça devrait être un motif de honte pour vous tous. » Et le dirigeant de se lancer dans une imitation : « Attendez, Monsieur le premier ministre, on promeut une solution à deux États ! »

Alors que Donald Trump le pousse à conclure un accord de cessez-le-feu, Benyamin Nétanyahou a redit devant l’Assemblée générale de l’ONU son refus clair de cette solution qualifiée de « suicide national » pour Israël. « Nous ne vous laisserons pas nous faire avaler la création d’un État terroriste », a-t-il affirmé, avant d’accuser les chancelleries occidentales d’avoir « cédé » par « faiblesse » à la pression de « médias hostiles » et de « masses antisémites qui exigent le sang d’Israël ». Allant toujours plus loin dans la provocation, il a affirmé vouloir « finir le travail » contre le Hamas à Gaza.

Les mots du leader israélien n’ont pas constitué, pour la diplomatie française, une grande surprise, au vu des interactions récentes entre les deux capitales. Dans une chorégraphie soigneusement montée de part et d’autre, Emmanuel Macron a quitté New York avant que Benyamin Nétanyahou n’y atterrisse. Et les diplomates français présents à New York n’ont pas plus échangé avec leurs homologues israéliens, dont plusieurs étaient présents dans les couloirs de l’ONU dès lundi. (...)

La confiance est profondément abîmée entre le président de la République et « Bibi », ce surnom qu’il continue à lui donner malgré la sévérité des propos qu’il tient à présent à son sujet. Emmanuel Macron pense aujourd’hui de Benyamin Nétanyahou ce qu’en pensait Nicolas Sarkozy à la fin de son propre quinquennat, quatorze ans en arrière. « Je ne peux plus le voir, c’est un menteur », avait alors lancé le chef de l’État à Barack Obama, président des États-Unis, dans un échange « off » capté par la presse. (...)

L’épouvantail des sanctions

Comment comprendre, dès lors, l’incompréhensible paradoxe de la position française, tout à la fois hostile et amicale, désespérément velléitaire ? Malgré tout cela, les courriers hostiles, l’inimitié, les menaces de représailles, la reconnaissance de l’État de Palestine et, surtout, le génocide à l’œuvre à Gaza, Emmanuel Macron continue un inconfortable pas de deux avec Israël, invoquant toujours l’amitié entre les deux pays pour ne jamais aller trop loin sur le terrain du bras de fer.

Dernier exemple en date : lorsque l’avion de Benyamin Nétanyahou a contourné les côtes françaises pour rejoindre New York, jeudi, certains défenseurs d’une action plus dure envers Tel-Aviv ont cru à un sursaut français. Las, le Quai d’Orsay a indiqué au Monde avoir « autorisé le survol de son territoire par l’avion du premier ministre israélien », en dépit du mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) dont le dirigeant fait l’objet.

Et tout est à l’avenant. Quand deux gendarmes français ont été arrêtés à Tel-Aviv, juste après une visite du ministre des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, en novembre 2024, Paris a fait le choix du silence. Un communiqué de protestation, une convocation au quai d’Orsay et rien d’autre (...)

Pire : alors que la reconnaissance aurait pu la placer en fer de lance d’une réaction européenne aux massacres en cours, Paris se retrouve à la remorque des autres chancelleries européennes. Les Pays-Bas, pourtant alliés d’Israël, ont interdit de séjour sur leur territoire deux ministres suprémacistes, Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, tout comme le Royaume-Uni. L’Espagne a décidé un embargo total sur les ventes d’armes et l’importation des produits issus des colonies.

Même l’Italie, habituellement sur une ligne pro-israélienne, a changé de braquet et surpris son monde. Dans son adresse à l’Assemblée générale des Nations unies, mercredi, Giorgia Meloni, la présidente du Conseil, a annoncé que son pays allait « approuver certaines des sanctions proposées par la Commission européenne à l’encontre d’Israël », accusé d’être « allé trop loin ». Et tandis que Madrid et Rome se disent prêts à porter assistance à des navires de la flottille humanitaire pour Gaza, Paris reste passif.

La question des sanctions s’est nichée dans l’angle mort de la diplomatie française au Proche-Orient. (...)

Paris continue à « tendre la main » à Tel-Aviv, à souhaiter que tout se fasse « en coordination avec Israël », à marteler « l’amitié intangible et indiscutable » entre les deux pays.
Une tétanie très nationale

Le discours d’Emmanuel Macron annonçant la reconnaissance de la Palestine, lundi 22 septembre, a d’ailleurs été émaillé d’adresses à Tel-Aviv. « Je sais [les] réticences et [les] craintes » des dirigeants israéliens, a dit Emmanuel Macron, rappelant son « amitié » à l’égard de l’État hébreu et sa « main tendue ». Dans son allocution, le chef de l’État a multiplié les concessions censées rassurer le gouvernement Nétanyahou : l’État palestinien et le Hamas seraient démilitarisés, les manuels scolaires revisités, l’Autorité palestinienne réformée… « C’était un discours largement tourné vers Israël », reconnaissait peu après un de ceux qui ont contribué à son écriture.

Difficile de démêler les ressorts d’une telle incapacité de la France à aller au bout de sa logique (...)

Paris continue à « tendre la main » à Tel-Aviv, à souhaiter que tout se fasse « en coordination avec Israël », à marteler « l’amitié intangible et indiscutable » entre les deux pays.
Une tétanie très nationale

Le discours d’Emmanuel Macron annonçant la reconnaissance de la Palestine, lundi 22 septembre, a d’ailleurs été émaillé d’adresses à Tel-Aviv. « Je sais [les] réticences et [les] craintes » des dirigeants israéliens, a dit Emmanuel Macron, rappelant son « amitié » à l’égard de l’État hébreu et sa « main tendue ». Dans son allocution, le chef de l’État a multiplié les concessions censées rassurer le gouvernement Nétanyahou : l’État palestinien et le Hamas seraient démilitarisés, les manuels scolaires revisités, l’Autorité palestinienne réformée… « C’était un discours largement tourné vers Israël », reconnaissait peu après un de ceux qui ont contribué à son écriture.

Difficile de démêler les ressorts d’une telle incapacité de la France à aller au bout de sa logique (...)

Comme un indice, à l’Élysée, ce sont les conseillers chargés de la politique intérieure qui se sont faits les plus sceptiques à l’égard de la démarche du chef de l’État vis-à-vis de la Palestine. (...)

Conscient de l’impopularité de sa décision du 22 septembre, le chef de l’État cherche surtout à éviter la déchirure, avec le gouvernement israélien autant qu’avec la communauté juive de France. C’est toute l’histoire de la relation bilatérale entre les deux pays, une sorte de « yo-yo » entre des moments d’amitié, fondée sur la coopération culturelle, économique et technologique, et des moments de tensions. Ceux-ci n’arrivent jamais par hasard : à chaque fois (ou presque) que la question palestinienne revient à l’agenda de la communauté internationale, les liens entre les deux pays se distendent. (...)

Une alternance dont a paru s’accommoder au fil du temps la diplomatie française. C’est l’histoire de ces « fâcheries » qui « ne durent jamais bien longtemps » dont parlait Emmanuel Macron en 2018. Mais l’élastique peut-il encore tenir, alors que la cause palestinienne fait un retour si perçant au sommet de l’agenda international ? (...)

Une alternance dont a paru s’accommoder au fil du temps la diplomatie française. C’est l’histoire de ces « fâcheries » qui « ne durent jamais bien longtemps » dont parlait Emmanuel Macron en 2018. Mais l’élastique peut-il encore tenir, alors que la cause palestinienne fait un retour si perçant au sommet de l’agenda international ? (...)

Fort du soutien inlassable des États-Unis, Benyamin Nétanyahou a adopté une diplomatie binaire, triant le monde entre ses alliés et ses ennemis. Est-il possible de poursuivre une relation bilatérale comme si de rien n’était, à l’heure de massacres qui pourraient conduire les dirigeants de l’État hébreu à être traduits devant les tribunaux internationaux ?

Artisan du réchauffement des relations lorsqu’il dirigeait la diplomatie française, de 2002 à 2004, Dominique de Villepin estime que le rôle de la France est à présent de « poser à Israël la question centrale, celle de sortir de l’état d’exception politique et religieuse, qui serait suspendu à l’exercice de la force ». Un tournant historique auquel la France doit participer, selon l’ancien premier ministre de Jacques Chirac. (...)


Amnesty International
Pétition Génocide à Gaza : la France doit mettre fin à l’impunité d’Israël 

Pétitions citoyennes ➡️ Assemblée Nationale : Demande de sanctions à l’encontre de l’État d’Israël et de ses dirigeants en raison de violations graves du droit international

Pétitions citoyennes ➡️ Assemblée Nationale : GAZA A FAIM : Pour un accès immédiat, sans conditions, à l’aide humanitaire !